Aucun des enfants du pasteur baptiste Claude Guillot n’a porté plainte pour voies de fait. Un fils est venu décrire le régime militaire qui a marqué sa jeunesse. Aujourd’hui dans la quarantaine, le fils du pasteur n’a plus de contact avec son père depuis 2008. Avant de témoigner, il fait une affirmation solennelle et non un serment sur la Bible.
Son enfance ressemble à celle des plaignants et témoins qui ont défilé devant le juge Christian Boulet depuis le début du procès du pasteur, accusé de sévices sur six ex-élèves.
Le fils a fréquenté l’école de la Bonne Semence à Victoriaville. Il a vécu dans le même encadrement serré que tous les autres élèves de l’école baptiste, mais n’a pas reçu de correction physique à l’école.
«Je l’avais à la maison, de la part de mon père», témoigne le fils. Claude Guillot avait une palette de bois à l’école et une autre à la maison, précise le fils.
Lorsqu’il était à l’école secondaire, le fils devait absolument obtenir des résultats scolaires supérieurs à 80%, dit-il. «En bas de 80, j’avais un coup d’administré», affirme-t-il.
Le fils se souvient qu’il n’avait pas le droit de jouer avec des enfants du voisinage, sauf ceux qui fréquentaient l’Église baptiste.
«L’environnement était très contrôlé jusqu’au point où on ne pense même pas demander la permission pour faire quelque chose», témoigne le fils.
Le fils a vu son père ouvrir sa propre école dans le sous-sol de la maison familiale, dans le quartier Chauveau.
Les débuts de l’école
À partir du début des années 2000, des parents membres de l’Église baptiste évangélique Québec-Est commencent à confier leurs enfants au pasteur Guillot pour qu’il leur fasse l’école à la maison avec le programme d’éducation chrétienne accélérée.
Certains jeunes retournaient chez eux le soir, mais d’autres restaient en permanence chez le pasteur. Ils dormaient au sous-sol sur des matelas.
Selon le fils, le pasteur ne tolérait aucun va-et-vient la nuit. Il avait même installé un système de détecteur de mouvements avec infrarouge.
Le fils se rappelle avoir été témoins de châtiments corporels donnés par son père à certains élèves. «Ce n’était pas nécessairement fréquent et ça a été abandonné après quelques années», dit le fils.
Il restait une série d’autres punitions, dont des privations de nourriture et des exercices physiques, ajoute le fils.
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8 juin 2018 par ISABELLE MATHIEU Le Soleil