Quatre personnes se revendiquant d’un mouvement évangélique doivent être jugées en appel à partir de vendredi 31 octobre aux assises de la Seine-Saint-Denis, pour avoir torturé et séquestré Antoinette, une jeune femme qu’ils pensaient possédée par le diable, maintenue ligotée une semaine dans la position du Christ en croix.

Un an après leurs premières condamnations, devant la cour d’assises de l’Essonne, à des peines de trois à six ans de prison, les quatre accusés comparaitront à nouveau pour «arrestation, enlèvement et séquestration avec actes de torture ou de barbarie». Ils encourent la prison à perpétuité.

Pour la victime, une femme d’une vingtaine d’années «très fragile», ce nouveau procès «est un évènement très traumatique», qui va raviver le souvenir d’un calvaire d’une semaine, «privée de soins et de nourriture» dans un appartement de Grigny, a regretté son avocate Me Florence Robert.

Les accusés, trois hommes et une femme originaires des Antilles, qui se revendiquent de l’Église adventiste du 7e jour, un mouvement évangélique d’environ 13.000 membres en France, se sont dits convaincus que leur victime était possédée par le diable.

Ils ont expliqué avoir voulu la «libérer du démon» et ont répété tout au long du procès de première instance avoir agi pour le bien de leur victime. Lorsque celle-ci fut découverte par les policiers, elle se trouvait dans un état de faiblesse et de maigreur extrêmes.

Elle venait de passer sept jours ligotée dans la position du Christ en croix sur un matelas posé à même le sol, sans rien manger ni boire, si ce n’est un mélange d’huile et d’eau administré par ses bourreaux. Son pronostic vital n’était pas engagé.

En première instance, la cour avait retenu la séquestration mais pas le chef d’accusation d’actes de torture ou de barbarie, et prononcé des peines inférieures aux réquisitions du parquet, qui demandait entre 8 et 12 ans de prison.

La peine la plus lourde, six ans ferme, avait été prononcée à l’encontre d’Éric Derond, considéré comme le meneur des opérations, le leader spirituel du groupe, qui se prenait selon certains pour un «prophète».

Pendant le procès, Antoinette avait raconté le «lavage de cerveau» subi après leur rencontre à l’âge de 16 ans. «Dans ma tête, Eric, c’était Dieu, voilà», avait-elle déclaré. «Il disait que j’étais investie d’une grande mission, que Dieu avait besoin de moi», avait-elle relaté.

source : http://www.paris-normandie.fr/detail_article/articles/1756726/proces-en-appel-pour-avoir-sequestre-et-torture-une-femme-sous-couvert-d-exorcisme#.VFDE-vmG-Lg