(COMPTE RENDU)

Par Dorothée MOISAN

PARIS, 2 juin 2009 (AFP) – Un des hauts responsables français de l’Eglise de Scientologie, poursuivi à Paris pour escroquerie en bande organisée, a déploré mardi qu’on caricature sa “religion”, en un mouvement vénal aux pratiques commerciales agressives.
“Les mauvaises intentions que l’on prête à notre fondateur (Ron Hubbard, ndlr) ne sont pas vraies”, a affirmé Alain Rosenberg, directeur général du Celebrity Centre, siège de l’Eglise de la Scientologie à Paris.
“Je suis un homme d’Eglise et pas le directeur général d’une entreprise
commerciale”, a-t-il ajouté, multipliant les tirades sur sa “doctrine” et
contestant une à une les traductions approximatives de l’anglais sur les
pratiques scientologues.
Au cours de sa première audition devant la 12e chambre correctionnelle de Paris, le responsable “OT7”, un grade atteint par une vingtaine de scientologues en France, a regretté les “préjugés” qui, selon lui, ont jalonné l’instruction du dossier.

Au cours de l’enquête, a-t-il déploré, “il n’a jamais été admis que la
Scientologie était une religion”. Selon lui, le magistrat instructeur a
“défiguré” sa religion, en se bornant à parler de “psychothérapie” et d’actes de commerce”.
“Je sais que ma religion a beaucoup de particularités”, mais le fait qu’elle
soit “anglo-saxonne dans la forme”, ne l’empêche pas d’être “traditionnelle dans la substance”. “Elle ne peut se pratiquer que dans l’honnêteté”, a dit le fondateur du Celebrity Centre, préférant ferrailler sur les points spirituels que sur les points de droit.

Interrogé sur les cures de purification, les électromètres et les cours de
dianétique vendus à prix fort aux membres de la Scientologie, l’ancien
commerçant en prêt-à-porter a répondu qu’il ne s’agissait pas de prestations mais de “services religieux”. Ils “ne peuvent avoir de prix”, car “il n’y a pas de prix à l’élévation spirituelle”, a-t-il affirmé.
Pourquoi existe-t-il alors des grilles de tarifs très précises pour tous ces
services?, a demandé la présidente Marie-Hélène Château. “Le fait qu’ils aient un tarif n’est pas contradictoire avec le fait qu’ils n’aient pas de prix”, a-t-il répondu.
“Le problème, quand on vous pose les questions, c’est qu’on comprend mal les réponses”, ironisera quelques minutes plus tard le procureur Nicolas Baïeto. Plus tôt dans l’après-midi, c’est la “pharmacie en chambre” de l’Eglise de Scientologie qu’avait épinglée le second représentant du ministère public, Maud Coujard, pointant le “circuit discret” des médicaments importés des Pays-Bas.

Outre l’escroquerie, l’Association spirituelle de l’Eglise de Scientologie,
et quatre de ses membres, sont en effet poursuivis pour “exercice illégal de la pharmacie”.
L’accusation leur reproche d’avoir prescrit des vitamines pour les “cures de purification”. Ces cures, qui alternaient durant 15 jours vitamines, course à pieds et séances de sauna de plus de quatre heures, avaient pour but de “libérer spirituellement la personne des résidus toxiques”, a expliqué à la barre Aline Fabre, la responsable des cures, qui a reconnu n’avoir “aucune connaissance particulière en pharmacologie”.
Interrogé sur les dosages prescrits et les contre-indications à la cure, la
prévenue a assuré n’avoir fait qu’appliquer les préceptes du fondateur, Ron Hubbard, car “tout est dans (son) livre”.
“Tout est dans le livre et vous ne faites qu’appliquer le livre?”, lui a
alors lancé l’avocat des parties civiles, Me Olivier Morice.
“Exactement”, lui a-t-elle répondu.

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A022036 JUN 09