Les parents de Sarah se sont rencontrés à l’Église de scientologie d’Angers, avant de se séparer après sa naissance. Ce mouvement a toujours été associé à l’enfance de la jeune fille : elle a suivi sa scolarité dans des classes scientologues, et a dû se plier à des exercices spécifiques, comme celui de la purification.

“Avant chaque séance, on prenait de la niacine – acide nicotinique –, puis on allait courir pendant une demi-heure, ce qui avait pour effet de provoquer des plaques rouges qui démangeaient. On enchaînait ensuite avec des séances de sauna en ingérant des tonnes de vitamines, sel et eau à volonté, ceci jusqu’à ce que la niacine n’agisse plus sur notre corps. Moi, ça m’a pris à peu près trois semaines avant que je sois considérée comme ‘purifiée’. Je ne devais pourtant pas avoir grand-chose à désintoxiquer…”

“Je suis partie en vrille”

Sarah a fini par quitter Angers avec sa mère. En dépression, cette dernière voulait rejoindre Paris, tout en continuant à fréquenter une église scientologue. Loin de la ville où elle avait grandi, Sarah a perdu ses repères.

“L’année de mes 13 ans, me suis mise à partir en vrille, en me mettant à boire, à prendre de la drogue et à coucher avec des hommes qui avaient parfois plus du double de mon âge.”

Son quotidien, Sarah l’a raconté à un jeune scientologue, avec qui elle sortait. Mais elle l’a vite regretté.

“Pour la scientologie, les pratiques sexuelles qui ne sont pas dans la norme sont considérées comme des re-stimulations des souvenirs traumatiques de nos vies antérieures […] Lorsque j’ai quitté mon petit copain, il est allé me dénoncer à l’agent d’éthique. Lequel est ensuite venu me faire du chantage : si je refusais de suivre de nouveaux cours, il allait tout raconter à ma mère.”

“J’avais de la colère en moi”

Ce n’était que le début de la descente aux enfers pour Sarah.

“La scientologie considère la psychiatrie comme dangereuse, donc consulter un psychiatre n’était pas une option envisageable. Toute la colère que j’avais en moi se révélait lorsque je buvais ou me défonçais, et j’ai fini par me faire arrêter pour ivresse sur la voie publique, avant de me battre avec des agents de police. Un épisode qui m’a valu des travaux d’intérêt général et, par ma mère, mon renvoi à Angers.”

À bout de nerfs, Sarah a alors tenté de provoquer sa mère, en lui disant qu’elle se prostituait depuis plusieurs mois. Choquée, cette dernière s’est confiée à l’Église scientologue, qui a finalement interdit à Sarah de revenir avant sa majorité, de peur d’avoir des problèmes judiciaires.

“C’est évidemment une secte”

Aujourd’hui, Sarah ne fréquente plus la scientologie. Et elle ne s’en porte pas plus mal.

“Pour moi, la scientologie est évidemment une secte, mais le problème vient à mon avis moins des préceptes que des scientologues. […] À 21 ans, je me définirais aujourd’hui plutôt comme agnostique.”

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1495035-a-lire-en-purification-chantage-solitude-j-ai-ete-elevee-dans-la-scientologi

Par Anaïs Chabalier
Journaliste au Plus

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