Le jeune homme de 19 ans a commencé à détecter des changements dans le comportement de sa mère au début de la pandémie de coronavirus. Celle-ci a toujours été de nature anxieuse: elle a complètement cessé de prendre l’avion après les attentats du 11 septembre et a toujours gardé un œil vigilant sur Sam et ses deux jeunes frères et sœurs. Mais au cours de la crise Covid-19, la paranoïa quelque peu excentrique de sa mère s’est brusquement métamorphosée en folie. Il reconnaît à peine la personne qu’elle est devenue.

Elle qui ne s’était jamais intéressée à la politique soupçonne désormais le président d’être un pédophile voleur d’élections. Elle est très préoccupée par les radiations des tours 5G dans son quartier, et a confié à son fils qu’elle redoutait d’être blessée par les manifestants de Black Lives Matter, un mouvement qu’elle soutenait pourtant autrefois. Elle craint que le frère et la sœur de Sam soient “endoctrinés” dans leur lycée public et souhaite les transférer dans un lycée catholique. Elle refuse également de faire vacciner ses enfants contre le Covid-19, car de fausses rumeurs selon lesquelles le vaccin contiendrait une micropuce secrète de géolocalisation circulent. (Au départ, elle était pourtant terrifiée par le virus, mais elle considère désormais que le confinement est une atteinte à sa liberté.)

“Elle n’a pas toujours été comme ça”, affirme Sam. “La situation ne fait qu’empirer.”

Sam est retourné vivre chez sa mère dans le Michigan, aux États-Unis, après la fermeture du campus de son université. Son père, divorcé de sa mère depuis de nombreuses années, venait de décéder. Sam était heureux de se retrouver en famille. Mais il a très vite remarqué que sa mère passait la majeure partie de son temps en ligne. Jusqu’à tard dans la nuit, elle scrutait Facebook et, plus tard, le réseau social Parler, absorbée par des articles de sites web obscurs et ultraconservateurs propageant des fake news. Elle envoyait régulièrement à Sam des publications appuyant des allégations politiques qui étaient manifestement fausses, et ils se disputaient farouchement le soir, à table, lorsqu’il essayait de les discréditer.