Par JoBP, mercredi 20 août 2008 à 16:29

Sur le réseau social Facebook (90 millions de membres), c’est une des applications les plus populaires de ces dernières semaines. Word Challenge est un petit jeu (très) chronophage car terriblement addictif, à mi-chemin entre le Scrabble et Motus (si, si, vous savez, le jeu présenté par Thierry Beccaro…). Gratuite, cette application ludique est « sponsorisée »: c’est-à-dire qu’une bannière publicitaire impossible à supprimer vient s’afficher durant quelques secondes à l’issue ou au début de chaque partie.

Or, surprise, un des sponsors présents (par intermittence) sur Word Challenge ces derniers jours n’est autre que l’Eglise de Scientologie, qui n’a d’Eglise que le nom. Surprenante et même inquiétante, cette présence de la Scientologie sur Facebook n’a pourtant rien d’illégal. Mouvement sectaire pour ses détracteurs (et ils sont nombreux), nouvelle religion selon ses adeptes (Tom Cruise et John Travolta en tête), la Scientologie n’est en effet interdite ni aux Etats-Unis, où elle a vu le jour et prospère tranquillement, ni en France, où bien qu’elle soit pointée du doigt régulièrement, son expansion se poursuit, toujours de façon ingénieuse et inattendue. Des applications de Scrabble auraient aussi été visées dès le mois de juin : http://nous-prend-on-pour-des-cons.blogspot.com/2008/06/la-secte-de-scientologie-recrute-sur.html.

Concrètement, à moins que la direction de Facebook ne s’en mêle ou qu’une grogne des utilisateurs ne les contraignent à réagir, il n’y a pas grand-chose à faire pour empêcher quelqu’un, même s’il s’agit de la Scientologie, de sponsoriser une application à disposition de la communauté Facebook. Et vue la popularité de Word Challenge, son sulfureux sponsor a en tout cas visé juste. Reste à savoir quel impact peut avoir ce type d’initiative auprès des joueurs : concentrés sur leur partie, impatients de passer à la suivante, il y a fort à parier que peu prennent le temps de jeter un coup d’œil à la bannière venant « polluer » leur moment de détente. Et s’ils leur venaient l’idée de taper « Scientology » dans l’outil de recherche de Facebook, ils tomberaient certes sur des centaines de réponses, mais à 95% hostiles aux préceptes du gourou Ron Hubbard, père de la dianétique scientologue. Même proportion sur Google.

Lutter contre le racolage de la Scientologie sur le Web, tel est la mission que se sont attribués les Anonymous, un groupe anonyme… forcément, présent dans une trentaine de pays. Depuis le début de l’année, ils se sont lancés dans une vaste cyber-offensive contre l’organisation, bloquant le site officiel du mouvement ou remettant en ligne des vidéos compromettantes qui avaient été supprimées de You Tube. Notamment une, vue des millions de fois depuis, dans laquelle Tom Cruise, surexcité, vante sans réserves les mérites de la Scientologie, avec un comportement pas franchement rassurant, comme l’ont vite compris les dirigeants de « l’Eglise ».

Jonathan Bouchet-Petersen

Les blog du Journal du Dimanche.