MONTRÉAL – Le centre d’aide aux devoirs l’Académie Phénix, de Longueuil, offre plus que du soutien scolaire aux enfants. Le centre et son directeur, Gilles Léonard, affirment pouvoir régler les problèmes de déficit d’attention sans recourir au Ritalin, selon une enquête de l’émission JE à TVA.

Et ce, grâce aux méthodes d’enseignement d’«Applied Scholastics», développées par le fondateur de l’Église de Scientologie, L. Ron Hubbard.

L’équipe de JE s’est présentée munie d’une caméra cachée en compagnie d’une jeune fille de sept ans se plaignant de problèmes de concentration et de motivation. Deux symptômes du déficit d’attention qui affectent un nombre grandissant d’écoliers québécois et qui nécessitent souvent la prescription de Ritalin. «Quand tu as un blanc , a expliqué M. Léonard, dans les écoles ils appellent ça un déficit d’attention. Chez nous on ne parle pas de ça. On parle de mots qui ne sont pas compris. Et ces mots, on les trouve.»

L’accumulation de mots mal compris provoquerait selon lui, de la confusion chez l’enfant, causant ainsi le déficit d’attention. En clarifiant tous les mots, notamment à l’aide d’un dictionnaire pour en définir le sens, la méthode «Applied Scholastics» enseignée à l’Académie, promet de venir à bout du déficit d’attention.

«C’est trop simpliste pour être crédible» a estimé le docteur Christiane Laberge. Cette omnipraticienne qui travaille beaucoup avec des enfants souffrant de trouble du déficit d’attention, ne mâche pas ses mots à propos des méthodes de Ron Hubbard. «Ça ne marche pas, a-t-elle tranché. On a besoin d’utiliser à la fois la médication reconnue et la psycho-éducation pour obtenir des résultats valables. Si c’était aussi simple que le prétend Ron Hubbard, on l’aurait, pour parodier une publicité connue.»

Gilles Léonard affirme que« Applied Scholastics» est une technique d’enseignement développée par le fondateur de la scientologie certes, mais que ce n’est pas de la scientologie.

Cependant l’enquête de JE montre que la théorie des mots mal compris se retrouve dans plusieurs ouvrages de scientologie. Alain Pronkin, chercheur au Centre d’information sur les nouvelles religions estime quant à lui que «Applied Scholastics» et la Scientologie ne font clairement qu’un.

«Il y a un lien, a-t-il dit. D’abord à cause de l’auteur. Et parce que «Applied Scholastics» reprend des concepts scientologues. Il s’agit d’un message tentant pour les parents dont les enfants éprouvent des problèmes de concentration. Ils vont être tentés d’essayer la méthode Hubbard avant de donner du Ritalin à leur enfant. Et à ce moment, ils mettent le pied dans l’engrenage scientologue.»

Régler un problème psychiatrique sans médicament, voilà une des grandes prétentions de l’Église de Scientologie qui dénonce la psychiatrie sur toutes les tribunes. Mais la ministre de l’Éducation Lyne Beauchamp n’encourage pas pour autant les parents à recourir à «Applied Scholastics». Au contraire.

Si elle dit ne pouvoir rien faire pour empêcher des entreprises comme l’Académie Phénix d’offrir leurs services, car l’aide aux devoirs ne relève pas de son ministère, elle estime que les parents ont d’autres choix quant aux services d’aide aux devoirs. «Ce n’est pas le type d’organisme que nous appuyons financièrement. Nous soutenons des organisations qui ont des liens étroits avec l’école et les parents devraient se tourner vers eux», a estimé madame Beauchamp.

Si Québec ne soutient pas financièrement l’Académie Phénix, Ottawa lui accorde le statut d’organisme de bienfaisance. Les dons deviennent donc en partie déductibles d’impôt. L’Académie bénéficie ainsi d’avantages fiscaux qui l’aident à diffuser les idées de L. Ron Hubbard.

Agence QMI
Michel Jean
10/03/2011

http://fr.canoe.ca/infos/quebeccanada/archives/2011/03/20110310-220013.html