Certains dépensent leur argent pour des souliers « énergisants » développés par un « docteur » qui a obtenu son diplôme… sur Internet; des malades cessent leur médication après avoir été « sauvés » par un pasteur-guérisseur; des soldats irakiens utilisent l’équivalent d’une baguette de sourcier pour détecter des bombes enfouies, sous terre… avant d’exploser.

C’est dans un contexte, que certains vont jusqu’à qualifier d’âge d’or des pseudosciences, que s’est tenu, les 18 et 19 octobre derniers à l’Université McGill, le sixième Symposium public annuel en science Lorne Trottier. Le thème de cette année, « Confronter la pseudoscience : un appel à l’action », est synonyme de lutte sans fin pour James Randi, l’un des experts invités à venir réfléchir sur la question.

D’abord connu comme magicien, James Randi est devenu l’un des plus infatigables pourfendeurs du paranormal et de la pseudoscience. En tant que prestidigitateur, il sait comment on peut manipuler le public. Mais l’illusionniste vous confond sans vous abuser; vous savez qu’il y a un truc. C’est différent lorsqu’on a affaire à des fraudeurs qui font appel à votre foi, que James Randi définit comme le fait de croire ce qui n’est pas vrai ou ce qui n’est pas prouvé. Or, bien des gens ont intérêt (souvent monétaire) à vous tromper; le travail de James Randi est de les démasquer — comme il l’a fait avec le tordeur de cuillères israélien Uri Geller et avec le « guérisseur » évangéliste Peter Popoff.

Autre grave problème, selon Randi : les médias entretiennent la crédulité des gens. Ils diffusent des vérités, puis des mensonges sur un pied d’égalité et laissent le public se débrouiller seul avec des informations contradictoires. Or, il faut être juste avec le public, et la manière de l’être c’est de ne pas laisser entendre qu’un mensonge est autre chose que ce qu’il est.

En 1996, Randi fondait la James Randi Éducational Foundation (JREF) qui fait la promotion de la pensée critique par la diffusion d’informations. Pour sensibiliser le public, il créait aussi le One Million Dollar Paranormal Challenge. Celui qui accepte de se soumettre à différents tests en prouvant la vérité de son pouvoir paranormal ou de sa pseudoscience gagne 1 million $. Nombreux sont ceux qui ont carrément refusé de relever le défi, trahissant ainsi la nullité de leurs pouvoirs ou de leur « science ». Avec l’aide de la BBC, Randi a mis au défi l’homéopathe Jacques Benveniste qui s’est prêté au jeu. Le million de dollars dort toujours dans les coffres de la JREF…

On connaît aussi le combat que Randi a mené contre l’ADE-651 Bomb Detection Device, commercialisée par Jim McCormick et sa société, ATSC. L’appareil, vendu 60 000 $, permettrait de détecter les explosifs enfouis. Il a principalement été utilisé en Iraq par les forces armées. En 2008, Randi publie un communiqué révélant que l’ADE 651 est le jumeau du Quadro Tracker, que le FBI avait déconseillé d’utiliser. On en avait prouvé l’inefficacité dès 1996. Son inventeur, qui a refusé de relever le Défi de Randi, prétend qu’elle fonctionnerait plutôt comme… une baguette de sourcier. Grâce à une campagne menée par la JREF, l’Angleterre a finalement cessé la vente de l’ADE 651 et McCormick a été arrêté pour fraude.

Delphine Naum, le 28 octobre 2010

(Agence Science-Presse)
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2010/10/28/sceptique-connait-trucs