Le Soleil
La Cour fédérale a rejeté une requête du gourou meurtrier Roch «Moïse» Thériault, qui réclamait 50 000 $ en dommages et souhaitait que soit levée la directive du Service correctionnel du Canada qui lui interdit depuis 2009 de vendre des peintures produites en prison ou des articles autographiés.
Thériault, qui purge depuis 1989 une peine à perpétuité au pénitencier de Dorchester, au Nouveau-Brunswick, pour le meurtre d’une de ses ex-disciples, a fait la manchette au cours des deux dernières années alors que ses peintures se retrouvaient en vente pour plusieurs centaines de dollars sur des sites Web spécialisés dans les articles liés aux tueurs en série, dont redrumautographs.com, du collectionneur montréalais Aboud Jean Mounayerdji.
En 2009, le Service correctionnel restreignait cependant la diffusion et la distribution d’oeuvres d’art, de travaux manuels ainsi que de matériel écrit comme des mémoires, des bibliographies et des communications écrites de Thériault. Ces restrictions avaient entre autres pour but de réduire la notoriété publique de Thériault afin d’éviter des conséquences négatives pour les victimes et leurs familles.
Requête rejetée
C’est cette interdiction que Thériault souhaitait voir levée par sa requête, déposée en novembre et rejetée au cours des derniers jours par la Cour fédérale, qui a refusé de l’entendre. «J’ai parlé à Roch Thériault aujourd’hui et il m’a confirmé que la requête avait été rejetée», a confié mercredi au Soleil l’avocate montréalaise Renée Millette, qui parle au détenu chaque semaine mais qui ne le représentait pas dans ce dossier.
Thériault accusait le Service correctionnel de violer ses droits garantis par la Charte des droits et libertés en lui refusant d’expédier ses peintures en dehors du pénitencier alors qu’il est pourtant détenteur d’un permis d’artisanat en vigueur jusqu’au 15 avril 2011 et que les autres détenus détenteurs d’un tel permis peuvent le faire.
Il déplorait également qu’on lui interdise de communiquer par écrit avec les personnes de son choix et que toute correspondance qu’il tente d’expédier à l’extérieur, dont un document de 800 pages contenant ses mémoires, soit systématiquement saisie par les agents des services correctionnels.
Problèmes de santé
Selon Me Millette, Roch Thériault n’a pas l’intention de pousser plus loin sa démarche dans l’intention de retrouver son droit de vendre ses oeuvres d’art à la suite du refus de la Cour fédérale. «Demain [aujourd’hui], il sera opéré à l’Hôpital de Moncton, où il subira quatre pontages. Il est très malade et il ne lui reste pas beaucoup de temps à vivre», explique-t-elle.
Thériault avait fait part de ses multiples problèmes de santé dans une lettre expédiée au Soleil le printemps dernier. Me Millette a ajouté que Roch Thériault avait aussi, sans succès, tenté d’obtenir une «année sabbatique» de son plan correctionnel qui le force à suivre divers programmes derrière les barreaux.
«Il est très fatigué et souhaitait se consacrer à l’écriture, mais ça lui a été refusé. Il a renoncé à demander une libération conditionnelle car il devient évident qu’elle ne lui sera jamais accordée», poursuit l’avocate.
Thériault est derrière les barreaux pour le meurtre au second degré de Solange Boilard, morte après que le gourou l’eut opérée à l’aide d’un couteau, sans anesthésie et alors qu’il était en état d’ébriété, afin de lui retirer une partie de l’intestin.
Il s’était aussi livré à des sévices physiques et sexuels, dont l’amputation à froid d’un bras et une émasculation, sur d’autres adeptes de sa secte d’abord établie à Sainte-Marie de Beauce, puis à Saint-Jogues, en Gaspésie, et finalement à Burnt River, en Ontario.
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/justice-et-faits-divers/201101/26/01-4364049-vente-doeuvres-dart-la-cour-dit-non-a-roch-moise-theriault.php