COMMENT LES DIFFÉRENCIER ? Chaque vendredi, GEO se penche sur les différences qui opposent des espèces animales, phénomènes climatiques ou sites patrimoniaux souvent similaires dans notre imaginaire. Place cette semaine aux Amish et aux Mormons.

Souvent comparées en raison de leur attache particulière au sol américain – en Pennsylvanie pour les Amish et à Salt Lake City pour les Mormons – les communautés Amish et Mormones sont pourtant bien différentes.

Qui sont les Amish et comment sont-ils nés ?

Comme le souligne Neal Blough, théologien mennonite et intervenant au sein de l’Institut Supérieur d’Études Oeucuméniques (ISEO), avant de s’interroger sur les racines de la communauté Amish, il est essentiel de se concentrer sur celles d’un autre mouvement religieux (originaire de Zurich) : l’anabaptisme, une branche parmi d’autres de la réforme protestante.

Au XVIe siècle, les Anabaptistes font le constat suivant : selon eux, le christianisme européen n’est autre qu’un christianisme de masse, où l’on naît mais que l’on ne choisit pas pleinement en tant qu’individu. Qui plus est, les Anabaptistes pointent du doigt le lien très fort existant entre l’Église et les institutions politiques et militent en faveur d’une séparation entre l’Église et l’État. Des remises en question qui, au XVIe, sont loin d’être acceptées et leur valent d’être brutalement rejetés, voire sévèrement persécutés. « Ils deviennent alors clandestins et, de là, naît notamment cette non-conformité avec le monde qu’on leur connait », poursuit le spécialiste.

Mais au VIIIe, après la Guerre de 30 ans, l’Alsace se retrouve dévastée et en manque de main d’œuvre pour se reconstruire. Des familles luthériennes et protestantes font alors appel à des Anabaptistes suisses – toujours persécutés – qui s’installent près de Sainte-Marie-aux-Mines, dans les Vosges. Des questionnements à propos de la non-conformité émergent alors au sein même de la communauté. Un certain Jakob Amman, originaire de Berne, prône ainsi un certain retour aux principes bibliques et plaide en faveur d’un non-conformisme encore plus poussé. Ses disciples et lui-même prennent alors le nom d’Amish.

En quoi les Amish et les Mennonites sont-ils différents ?

Si elles sont toutes les deux issues de l’anabaptisme, la communauté Amish n’est en réalité qu’un « sous-groupe » de la communauté Mennonites. « Influencée par Érasme, toutes deux considèrent ainsi la vie chrétienne comme une vie à la suite du Christ, que le chrétien doit être non-violent, qu’il doit évoluer dans le partage et se soucier de son prochain », explique Neal Blough. Si leurs croyances sont ainsi similaires, leurs modes de vie divergent, puisque les Amish sont davantage coupés du monde que les Mennonites.

Les Amish sont ainsi reconnaissables de par leurs tenues, très sobres et simples : de longues robes unies pour les femmes, des pantalons unis soutenus par des bretelles et des chapeaux pour les hommes. Leur rapport à la technologie est lui aussi bien particulier, puisque quasi inexistant.

Globalement, les Amish ont banni l’électricité et l’énergie de leur quotidien, sauf pour quelques besoins essentiels comme s’éclairer, laver leurs vêtements ou travailler. Mais vous ne trouverez ni voiture, ni téléphone près de chez eux ! Un mode de vie très marginal donc, qui reste toutefois le fruit de leur volonté. En effet, vers l’âge de 16 ans, chaque membre de la communauté possède le droit de partir à la rencontre du monde extérieur pendant une année (appelée Rumspringa). Et c’est à l’issue de cette année, que chaque membre peut choisir, ou non, de se faire baptiser.

Quelle différence entre les Amish et les Mormons ?

Si les communautés Amish et Mormones sont souvent comparées, elles n’ont pourtant que peu de choses en commun. Le mormonisme, autre branche du protestantisme, est ainsi fondé au XIXe siècle, par Joseph Smith. À l’adolescence, ce dernier aurait ainsi reçu une mission de Dieu : celle de rétablir les vrais préceptes de l’Église primitive, afin de préparer le retour du Christ, et de fait, la fin des temps. Et ce, notamment par le biais d’un texte sacré : le Livre de Mormon, considéré comme une sorte de Troisième Testament. Selon ce dernier, Jésus aurait ressuscité, les Américains seraient le peuple élu de Dieu, et les États-Unis la nouvelle Terre promise. Une période que l’on qualifie de « Second Grand Réveil ». En 1830, à Fayette, dans l’État de New York, Joseph Smith fonde donc « l’Église de Jésus-Christ », plus tard appelée « Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours », autrement dit : l’Église mormone. Et pour ce prophète mormon, qui souhaite établir une théocratie, l’Église et l’État se doivent être étroitement liés.

Contrairement aux Amish, les Mormons se lient à leur religion par le mariage ou par le baptême, qui peut être réalisé à titre posthume. Il est ainsi possible de baptiser ses ancêtres. Dans cette communauté très conservatrice – qui a longtemps prôné la polygamie – les relations familiales ont une place très importante. Par ailleurs, tout produit excitant – y compris ce qui a trait à la sexualité – est interdit : thé, café, alcool, cigarettes… Un mode de vie autrement marginal, mais qui a pourtant trouvé sa place dans plusieurs pays du monde.

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