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A compter du 10 septembre, Robert Le Dinh, 51 ans, est jugé aux assises de l’Ariège pour viols, agression sexuelle et abus de faiblesse. Une partie des faits qui lui sont reprochés ont été perpétrés dans l’Agenais entre 1997 et 2004.

Qui est Robert Le Dinh ? Son état civil mentionne une naissance en juillet 1959 à Villeneuve-sur-Lot d’une mère française catholique et pratiquante, et d’un père d’origine vietnamienne, bouddhiste de confession. Il est le deuxième d’une fratrie de six enfants. Jusque-là, rien d’extraordinaire.

Son nom, et son surnom « Tang » apparaissent au milieu des années 1980 à Agen. Il fonde une série d’associations à l’arrière-plan religieux qui disparaissent d’ailleurs les unes après les autres. Exemples : Travail dans l’organisation de l’amour du Christ (TOAC), Enseignement de maître Philippe pour n’en citer que deux. Il se fend aussi d’un ouvrage, « L’Autorité divine et les forces du mystère » et ce chrétien affirme œuvrer aussi pour les plus démunis, repas, distribution de denrées à Agen.

Mais, très vite, il est suspecté, et surveillé avec la discrétion qui sied à l’observation des mouvements ayant de près ou de loin à faire avec les dérives sectaires. Quelques jours avant Noël 1987, il est condamné à deux ans et six mois d’emprisonnement par la cour d’appel d’Agen pour extorsion de fonds, abus de confiance et escroquerie.

Jusqu’en 2004, il réside dans les environs d’Agen, au milieu d’une poignée d’amis, de fidèles, d’adeptes, puis s’installe en Ariège. Et c’est dans sa maison de Bonac Irazein que, vingt ans après ses premiers démêlés judiciaires, Robert Le Dinh est interpellé par les gendarmes, en septembre 2007. Trois mois auparavant, un couple domicilié à Saint-Sixte aujourd’hui franchit le seuil de la gendarmerie de Saint-Girons. Ils s’épanchent auprès des enquêteurs. C’est le début de l’affaire qui amène Robert Le Dinh dans le box des accusés à compter de lundi . Il doit y répondre de viols, d’agression sexuelle, d’abus de faiblesse (lire la Dépêche du 22 avril 2009).

Epaulé par un comité de soutien, Robert Le Dinh rejette l’ensemble des accusations, confirme toutefois les relations sexuelles. Mais elles étaient consenties, martèle l’un de ses avocats. Risquant la trivialité pour mieux dessiner l’affaire, Me Édouard Martial parle « d’une histoire de cul et de fric » et rejette pour son client toute idée de viols, de sujétions mentales et de dérives sectaires. « Gourou ? Pénalement, cela ne veut rien dire. On disait aussi bien que Laporte était le gourou du XV de France ! Des gens de qualité sont allés réfléchir avec Le Dinh, n’ont jamais cédé leur maison. On y entrait et on en sortait librement. »

Confiée à la section recherches de Toulouse, l’enquête prétend le contraire. Et les parties civiles (lire l’encadré) comptent s’appuyer sur les conclusions des enquêteurs : de 2005 à 2007 par exemple, 150 000 € sont versés sur le ou les comptes personnels de l’accusé alors qu’en 2005 et 2006, il ne déclare que 8 500 € au fisc et a admis devant le juge d’instruction n’avoir jamais eu d’activité professionnelle reconnue. Stéphane Bersauter

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Neuf parties civiles
Après avoir refusé de porter plainte, le couple à l’origine de la dénonciation en 2007 s’est portée partie civile, ainsi que les deux jeunes filles mineures à l’époque . Au total, huit parties civiles (les victimes) ont été constituées, une neuvième est celle de l’UNADFI Paris, association de défense de l’individu et des familles. Les avocats sont Me Daniel Picotin , Guy Terracol, Laurent Bruneau (Agen). Ce dernier explique qu’à « la lecture du dossier d’instruction, on voit clairement qu’il est capable de tout pour manipuler ces interlocuteurs». Robert Le-Dinh est défendu par Me Le Bonjour et Me Edouard Martial, arrivé l’an dernier dans le dossier. Verdict attendu dans la journée du samedi 18.