AU PIED DU PIC

Vendredi matin brumeux au col du Linas. Les flaques d’eau sur le parking témoignent encore de la forte pluie de la veille. Trois voitures immatriculées dans le Var sont déjà garées malgré le mauvais temps. Un petit groupe d’une dizaine de personnes se préparent devant la barrière qui barre le sentier s’élevant vers le pic. L’ascension débute sur un chemin de terre glissant et boueux. “Vous faites partie d’un club de rando ?” lance-t-on aux promeneurs. “Non !”, répond tout juste une femme du groupe sans en dire davantage. Malgré la bruine et la terre qui colle aux chaussures, le groupe s’accroche. Les plus costauds encouragent déjà ceux qui commencent à flancher. Mais tous gardent le sourire. Le sommet, perdu dans les nuages, est absolument invisible. Un vent froid se lève mais la motivation est toujours là. Le groupe multiplie les haltes, s’isole parfois dans des écarts du chemin.

Alors que, pour des randonneurs classiques, la montée doit durer un peu moins de deux heures, les Varois en mettront presque le double. Un couple équipé de baguettes métalliques utilisées en radiesthésie ferme la marche. L’arrivée au sommet, dans un brouillard à couper au couteau est leur unique but. Qu’importe les conditions climatiques et le manque de visibilité, le “pèlerinage” ne serait pas complet sans une ultime séance dans le champ en haut du pic où il est fréquent d’observer des groupes assis en rond et attentifs aux paroles d’un leader.

Signes étranges sur les rochers et les arbres

Témoins de l’attrait du mont pour les plus illuminés, le long du sentier, des inscriptions aussi mystérieuses qu’incompréhensibles pour le commun des mortels, jalonnent le parcours. Etoiles, croix et autres initiales sont gravées sur les arbres et les roches. En pleine forêt, un rocher “dispensant une grande force tellurique” selon un site internet qui propose des stages de géobiologie (lire encadré), constitue une étape indispensable pour les adeptes de radiesthésie et autres sciences étranges. Les stagiaires sont invités à coller leur front contre la pierre pour que la “microcristallisation entre en résonance avec les quartz intérieurs de leurs systèmes cellulaires”. C’est surtout l’occasion de souffler un peu avant la fin de la montée… Certains en ont bien besoin car l’ascension du pic demande quand même une plutôt bonne condition physique.

Mieux vaut ne pas l’aborder en sandalettes.

Surtout par grand vent comme ce fameux vendredi matin. Un froid glacial qui, ce jour-là, n’a pas découragé non plus un homme seul, croisé sur le chemin du retour. Visiblement fatigué, il a tout simplement choisi de se reposer en se couchant de tout son long, torse nu dans un champ bordant le chemin… Au-delà d’offrir de surprenantes rencontres, l’ascension du pic est avant tout le paradis des randonneurs, toujours aussi nombreux. En famille, seuls, ou entre amis, les adeptes des belles balades s’y retrouvent tous. Avec une seule motivation : arriver en haut pour profiter du superbe panorama. Par temps clair, il paraît que la vue est dégagée jusqu’à la mer.

Source :L’indépendant dimanche 31 juillet 2011 par Estelle DEVIC.