PARIS, 3 avr 2008 (AFP)

Le rapport fait également le point sur les techniques de lobbying des sectes
auprès des organismes internationaux, à partir de l’exemple de l’OSCE
(Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), et sur le phénomène
du satanisme qui concernerait de près ou de loin environ 25.000 personnes en
France, dont 80% de moins de 21 ans.
Il pointe aussi le néo-chamanisme et l’usage d’une substance, le datura,
plante courante aux fleurs très parfumées et réputée toxique, qui tend à
remplacer l’iboga, inscrit au tableau des stupéfiants.
“Les sectes évoluent mais elles sont toujours là”, estime Jean-Michel
Roulet, président de la Miviludes qui souligne qu’à partir de 2000 elles se sont
“engouffrées” dans le domaine de l’accomplissement de soi, les unes dans
l’humanitaire, les autres dans les techniques de “recherche de son moi
profond”.
Le travail sur la mémoire est une des bases de la psychanalyse, en revanche
“le +faux souvenir induit+ résulte de techniques d’autosuggestion ou d’une
influence indue qu’exercent certains thérapeutes”. Ceux-ci “manipulent” le
patient en l’amenant à se rappeler des abus -souvent à caractère sexuel- subis
dans la petite enfance qui constituent le “syndrome du faux souvenir induit”,
dévastateur pour le patient lui-même et pour sa famille.
Le phénomène est apparu aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XXème
siècle et “se développe de manière inquiétante en France”.
C’est aussi au nom de la “sujétion de l’individu” que la Miviludes s’est
intéressée à la vente multi-niveaux, qui consiste à vendre des produits ou
services, le plus souvent liés au bien-être, et à convaincre les acheteurs de
devenir vendeurs à leur tour. Ils n’ont pas de contrat de travail, sont
rémunérés au pourcentage, et les plus convaincus finissent par quitter leur
travail et ne plus fréquenter que les membres du réseau.
Autre risque d’embrigadement avec l’application au coaching en entreprise de
la théorie des “constellations systémiques”, inventée par l’américaine Virginia
Safir à partir de l’observation des tribus en pays zoulou: le groupe -en
l’occurence l’entreprise- fonctionne comme un corps biologique où chacun a un
rôle précis. Une des dérives est de considérer que chacun fait partie du groupe
et que c’est au groupe de tout décider pour lui.
Le rapport 2007 consacre un chapitre à la “stratégie d’influence de la
mouvance sectaire à l’international”, notamment auprès de l’OSCE (Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe) et particulièrement d’un de ses
organismes, le BIDDH (Bureau des institutions démocratiques et des droits de
l’homme). Plusieurs mouvements -la Miviludes cite la Scientologie, les raéliens
et les Témoins de Jéhovah- viennent y dénoncer la lutte contre les dérives
sectaires au nom des atteintes à la liberté religieuse. Toutes les interventions
étant publiées, elles ont de ce fait une diffusion et une respectabilité
assurées.
Une autre technique est de mettre en cause les acteurs de la lutte contre
les dérives sectaires, en visant les personnes elles-mêmes ou en mettant en
cause le bien-fondé des subventions dont elles bénéficient.
Ce rapport a été remis mercredi au Premier ministre, dont dépend la
Miviludes.
cv/ls/be/rr
030509 AVR 08