PARIS, 14 déc 2016 (AFP) – Des formations par milliers, des indicateurs pour repérer le basculement: le fléau de la radicalisation jihadiste est au coeur du dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), publié mercredi.
« Nous présentons une très grosse contribution sur ce qui est notre nouveau job: la prévention de la radicalisation », a indiqué à l’AFP le président de la Miviludes, l’ancien député PS Serge Blisko.
Le précédent rapport, publié en mai 2015, était resté discret sur le phénomène jihadiste, ce qui avait valu à cette mission dépendant de Matignon des critiques, notamment de la part de son ancien président, le député LR Georges Fenech.
« Jusqu’à présent nous avions été un peu elliptique sur ces questions, d’abord pour des raisons de sécurité et parce qu’il fallait avoir le recul nécessaire », explique Serge Blisko.
La radicalisation jihadiste peut-elle être assimilée à une dérive sectaire? Le rapport est prudent sur cette analyse controversée. « Relever ce que la radicalisation et le phénomène sectaire ont en commun, à savoir l’adhésion inconditionnelle à un corpus de croyances du fait de l’appartenance à un groupe, ne conduit pas à réduire l’un à l’autre », écrit la mission.
« On note de l’emprise mentale chez des adolescents. En revanche le jeune homme radicalisé qui passe par la case prison, on ne peut pas considérer qu’il s’agit d’une dérive sectaire », estime le président de la Miviludes.
Pour sa connaissance du conspirationnisme et son expérience de formation d’agents publics, la Miviludes a été associée aux actions du Centre interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) dès le lancement du plan gouvernemental en avril 2014.
De mi-2014 au premier trimestre 2016, elle a contribué à la formation d’environ 20.000 personnes (protection judiciaire de la jeunesse, Éducation nationale, magistrature…). Le cap est désormais mis sur la formation de formateurs, notamment dans les collectivités locales.
La Miviludes conserve son activité classique de lutte contre les dérives sectaires, avec 2.160 signalements qui lui sont parvenus en 2015, et quelque 2.500 anticipés pour 2016, dont environ 40% dans le domaine de la santé. Des dérives « préoccupantes » dont « le caractère diffus et protéiforme » pèse sur l’action de la Miviludes, note le rapport.
Active sur le double front des dérives sectaires et de la radicalisation, la mission « a atteint les limites » de son fonctionnement « à effectif constant » (15 agents), prévient-elle.
source : AFP