L’étau se resserre autour du gourou de Monflanquin. Le ministère public a requis ce jeudi devant la Cour d’appel de Bordeaux la peine maximale de dix ans de prison contre Thierry Tilly, qui serait coupable « d’une entreprise de vampirisation financière et morale » à l’encontre d’une famille de notables du Sud-Ouest, totalement ruinés.

« Ma conviction est intacte quant à la culpabilité de Thierry Tilly et au châtiment » qui doit lui être infligé, a dit l’avocat général Pierre Bellet qui avait déjà requis la même peine lors du premier procès.

Une « vampirisation financière et morale »
Le magistrat, qui a réclamé la plus haute peine de prison pouvant être encourue par le gourou, a également demandé à la Cour qu’elle prononce une peine de cinq ans de privation de droits civiques et civils ainsi que l’interdiction définitive de diriger une entreprise commerciale ou artisanale.

Il a revanche requis une relaxe partielle pour les faits concernant les deux premières années d’emprise, période qui s’est étalée entre 1999 et 2000, la loi qualifiant la notion de sujétion psychologique étant entrée en vigueur en juin 2001. « Ce sont des faits exceptionnels » de « vampirisation financière et morale », a-t-il jugé.

L’attaque véhémente de l’avocat général
Alors que Pierre Bellet l’éreinte dans ses réquisitions, Tilly, 49 ans, pourtant plus que prolixe au début du procès, semble désormais absent, tournant le dos à la salle comme pendant toute la matinée, fixant les vitraux de la salle d’audience et remuant de temps à autres la tête.

Tilly, qui a écopé de huit ans de prison en première instance, est un « mythomane stratégique (…) un menteur, un vantard, un hâbleur, un imposteur ». Un « grand escroc », aussi, qui « exploite les failles psychologiques » de ses victimes, a martelé l’avocat général.

Il use d’une palette de techniques manipulatoires pour mettre « en état d’embrigadement » psychique ses victimes, a poursuivi le magistrat, convoquant, pour étayer ses propos, les expertises psychiatriques et psychologiques versées au dossier.

Il a d’abord « séduit ses interlocuteurs », les de Védrines, une riche famille du Sud-Ouest, avant de leur distiller un « discours récurrent sur un complot franc-maçon, rose-croix, homosexuel, juif », conduisant « onze personnes à croire » en cette machination, s’indigne Pierre Bellet.

4,5 millions d’euros de préjudice matériel
Epinglant le « machiavélisme » du prévenu, l’avocat général a encore jugé l’état de sujétion psychologique caractérisé: Tilly a placé ses victimes en état de « séquestration psychique » pour mieux les séparer de leurs proches et du monde avant de les conduire à se cloîtrer, dans leur demeure de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis en Angleterre, et de les dépouiller progressivement de leurs biens qu’ils ont fini par vendre pour environ 4,5 millions d’euros.

Le tout, principalement à son profit. Car pour Pierre Bellet, Tilly est bien « l’instigateur principal » de cette exceptionnelle escroquerie:Jacques Gonzalez, condamné avec lui en première instance à quatre ans de prison mais qui s’est désisté de son appel, n’est que son « faire-valoir », contrairement à ce qu’avait plaidé la défense de Tilly lors du premier procès. « Il ne peut bénéficier d’aucune circonstance atténuante », a-t-il conclu.

Un peu plus tôt, les avocats des parties civiles avaient réclamé la confirmation des sommes allouées en première instance par le tribunal correctionnel de Bordeaux (environ 4,5 millions de préjudice matériel, 505 000 euros de préjudice moral). Me Daniel Picotin, spécialiste des questions d’emprise mentale, a épinglé « le désir d’emprise » qui habite Thierry Tilly et sa « capacité à faire du ‘cousu main’ avec ses victimes ». L’avocat de Thierry Tilly, Me Alexandre Novion, va plaider dans l’après-midi.

Avec

source : Par LEXPRESS.fr, publié le 25/04/2013 avec AFP

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/reclus-de-monflanquin-peine-maximale-requise-en-appel-contre-le-gourou_1244223.html