En matière d’alimentation, la mode semble être à l’épuration. La traditionnelle bonne chère se voit damer le pion par tout un tas de tendances ternes. Mais chacun a ses arguments pour vous convaincre de bannir tel ou tel aliment de votre menu : meilleure santé, longévité, perte de poids durable et sans effet yoyo… Alors crudivorisme, régime paléo ou respirianisme : détox ou intox ?

{{Le crudivorisme}}

Tendance in, le crudivorisme, ou « alimentation vivante » vous incite à ne plus rien cuire. Le régime Seignalet est joliment présenté comme « hypotoxique », puisqu’il prône moins de cuisson, qui libérerait des composés toxiques. La cuisson au-delà de 40°C est bannie.

Le site crudivorisme.com promet ainsi, « instantanément », « une énergie absolument incroyable, il faut le vivre pour le réaliser pleinement », mais aussi « une meilleure digestion, un sommeil récupérateur, une meilleure concentration, une meilleure créativité, un grand calme intérieur ».

Certes, les bénéfices du cru sont, en général, de conserver vitamines et sels minéraux, de préserver la qualité des graisses, et d’être plus faciles à digérer. Il peut donc être sain de manger certains aliments crus.

Par ailleurs, une cuisson très forte, type grillade, peut à terme, si elle est pratiquée très fréquemment, augmenter les risques de développer certains cancers. L’Institution National du Cancer (INCA) recommande ainsi d’éviter de consommer de façon trop fréquente des aliments brûlés ou calcinés, type barbecues et posés directement sur une flamme, les cuissons douces, quant à elles ne représentent aucun danger (1).

{{Comme en tout, le dogmatisme ne doit pas mener à l’absurde}}

La cuisson est indispensable à certains aliments, car elle réduit, voire annule leur toxicité. C’est le cas par exemple des morilles, uniquement comestibles sous leur forme cuite. Le blanc d’oeuf, réputé pour la qualité de ses protéines – il sert d’ailleurs de référence en la matière pour les nutritionnistes – ne révèle son potentiel que cuit ! Cru, ses protéines ne sont digérées qu’à 50 %, tandis qu’une fois cuit, elles sont assimilées à plus de 90 %(2).

La cuisson permet aussi d’optimiser le potentiel de certains composés : c’est le cas du lycopène de la tomate, bien plus bénéfique lorsque ce fruit est cuit. (3).

D’autre part, consommer des aliments crus vous expose à des risques bactériologiques plus importants : salmonelle et listéria prolifèrent sur les fruits et légumes mal lavés, les produits laitiers non pasteurisés, les fromages au lait cru, les viandes peu cuites, les poissons fumés et crus, les coquillages crus ou encore graines germées(4). Pour les personnes âgées, immunodéprimées et les jeunes enfants, ces micro-organismes pathogènes peuvent même être mortels.

Le régime paléo : on ne s’amuse pas avec la nourriture

Le principe, là encore est assez simple : il suffirait de manger comme nos ancêtres pour être en bonne santé.

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régime paléo

Le régime paléo : méfiez-vous des carences © iurri Shutterstock

Il s’agirait donc de supprimer :

· Tous les produits céréaliers.

· Toutes les légumineuses.

· Tous les produits laitiers.

· Tous les produits transformés ou en conserve.

· Tous les légumes riches en amidon (pomme de terre, manioc, igname, etc.).

· Les viandes grasses.

· Les aliments salés.

· Le sucre.

· Les boissons gazeuses.

Mais que sait-on réellement du régime des hommes préhistoriques ? En voici quelques aspects, suivant l’évolution des hominidés :

· Au Miocène (-7 millions d’années), les ancêtres de l’Homme semblent avoir été insectivores et végétariens, se nourrissant de feuilles, de racines, de tubercules.

· L’apparition de la viande au menu semble dater du Pliocène, où l’Homme est d’abord charognard, avant de devenir chasseur.

· Au Paléolithique inférieur, la viande devient la source essentielle de l’apport énergétique.

· La cuisson apparaît il y a environ 40.000 ans.

· Enfin, au Néolithique, le développement de l’agriculture et de l’élevage permet la diversification du régime avec la consommation de céréales et de produits laitiers(5).

Encore faudrait-il ne pas négliger le fait que leur espérance de vie ne dépassait guère 30 ans… Donc quel menu serait optimal pour notre patrimoine génétique ?

Les problèmes associés au régime paléo sont multiples

Il y a un risque de carences si on ne diversifie pas assez ses sources d’aliments, les céréales complètes étant totalement exclues, ainsi que les produits laitiers.

On prend le risque d’un effet yo-yo si l’on craque.

On risque aussi de fatiguer les reins si la consommation protéique est trop importante.

L’apothéose de l’absurde : le respirianisme

Respiranisme, inédie, pranisme, ou, tout simplement, abstinence de nourriture, voici une forme de régime particulièrement radicale, et absurde, puisqu’elle consiste à mimer la plante verte ! Effectivement, les respiranistes vous invitent à vous « nourrir de lumière », en vous alimentant exclusivement d’eau, d’énergie solaire et d’air, tout en psalmodiant des phrases sensées vous galvaniser.

Si effectivement les végétaux chlorophylliens autotrophes ont cette capacité – en présence de lumière – de transformer les sels minéraux puisés dans le sol en composés organiques, nous sommes quant à nous incapables d’une telle prouesse. A charge de revanche, une plante n’est pas hétérotrophe : vous pouvez toujours tenter de donner un steak à votre philodendron, il dépérira rapidement. A noter tout de même que ce régime serait à l’origine de plusieurs morts – de faim, évidemment(6).

Conclusion : l’alimentation, c’est sérieux. Méfiez-vous des obsessions alimentaires, des régimes miracles, des discours tout faits, et consultez des spécialistes de la santé avant de vous lancer dans des régimes astreignants et restrictifs !

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Sources de l’article :

1. INCA prévention : questions fréquentes 29.05.2015

2. Dossier presse INRA, mars 2013

3. Cuisson et santé : la cuisson, c’est capital pour la santé ! Par Juliette Pouyat-Leclère, Inès Birlouez-Aragon

4. Ministère de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, dossiers alimentation

5. Hominidés.com, article du 01.01.07

6. Sciences & Avenir article du 2.12.10

source : http://www.consoglobe.com/regime-paleo-mefiez-vous-cg