Un document édifiant sur les communautés religieuses pratiquant des «guérisons intérieures» est paru la semaine dernière. Des thérapies factices, dénoncées par une association, avec pour porte-parole Murielle Gauthier. .
Avec pour exemple probant les dérives sectaires des Béatitudes, cette communauté issue du renouveau charismatique, un des poumons actuels de l’Église. En Aveyron, la communauté est «connue» pour avoir accueilli le père Pierre-Etienne aujourd’hui en prison pour des faits de pédophilie. À l’époque, Murielle Gauthier, qui a vécu au sein de la communauté de Bonnecombe, (à Comps-La-GrandVille) parle pour la première fois des techniques plus que douteuses pratiquées par ses dirigeants. Des techniques de «guérison intérieure». Soit une kyrielle de religieux qui n’ont de médecins que le nom et qui diagnostiquent des maladies auprès de personnes dans le deuil, malades ou en position de faiblesse afin de leur extorquer de l’argent, entre autres. Dans l’ouvrage, Alain, le père Jean-Baptiste et Gisèle font part de leur expérience et révèlent ces abus. Murielle, elle, ne s’est jamais placée comme victime mais comme témoin. Et c’est en tant que porte-parole qu’elle est invitée, il y a cinq ans, à rejoindre le Collectif des victimes du psycho-spirituel du Centre Contre les Manipulations Mentales. À ce jour, le centre recense près de 300 victimes de ce type de manipulations. Il réclame aujourd’hui, en leur faveur, un dédommagement financier. Mais surtout, une reconnaissance de l’Église de ces pratiques injustes. «Nous avons vu le système de l’intérieur et nous pouvions nous opposer à ces techniques mais ce n’est pas le cas de tout le monde», insiste Murielle. Le livre résulte alors de dix ans d’interpellations aux évêques, avec pour seule réponse aux victimes «nous prions pour vous».
Inertie de l’État
«C’est triste car le processus est lié au silence de l’Église (qui doit se positionner) et à l’inertie des pouvoirs publics. Il est aujourd’hui difficile de prouver la manipulation mentale. Or l’État doit être vigilant en terme de contrôles financiers», rappelle Murielle. Si la communauté de Bonnecombe est aujourd’hui dissoute, en lien étroit avec les Béatitudes, subsiste celle de l’Arbre de Vie, à Villefranche-de-Rouergue.
Une lutte de longue haleine
Les Béatitudes ne sont toutefois pas les seules instances pointées du doigt puisqu’on retrouve à travers les 17 témoignages les dérapages de sessions «thérapeutiques» appelées Agapè ou la maison Abba (dont le but est de retrouver un cœur d’enfant).
«Pour les victimes, parler c’est rendre visible ces dérives. Il n’existe pas d’esprit de vengeance, c’est une vraie douleur car à la base elles ont la foi mais ne savent plus où se situer. Il est important de savoir qu’on ne rencontre pas que des gens qui ferment la porte dans l’Église.», poursuit l’intéressée.
Médiatisation, parution d’un livre, le combat du centre contre les manipulations mentales contre ces dérapages ne compte pas s’arrêter là. «S’il faut s’enchaîner sur le parvis de l’Église de Toulouse, on le fera», clame Murielle. En attendant, l’aide et la prévention continuent.

source : http://www.ladepeche.fr/article/2012/09/11/1436745-rodez-derives-sectaires-un-livre-noir-pour-sortir-du-silence.html
par Carine Caussieu