jeudi 17.12.2009, 05:04 – La Voix du Nord
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Un couple de Roubaisiens est jugé depuis hier devant la cour d’assises du Nord suite à la mort en mai 2005 de leur fils, alors âgé de six semaines. …
Six semaines pendant lesquelles l’enfant a perdu un tiers de son poids de naissance avant de décéder.
Le 30 mai 2005 vers 15 h, les services de secours constataient le décès d’un nourrisson dans un logement de la rue de Wasquehal à Roubaix. Les premières constatations médicales faisaient état d’une « dénutrition extrême ». Claude Mahut et Anita Vallet, les parents de la victime, étaient placés en garde à vue dans la foulée. Mis en examen pour privation d’aliments ou de soins, par ascendant, ayant entraîné la mort, ils comparaissent libres depuis hier devant la cour d’assises du Nord.
Une cour d’assises qui, lors de cette première journée d’audience, a cherché à connaître ces deux accusés formant un couple particulièrement atypique.
Un couple qui s’est formé en 1997. Claude Mahut, alors âgé de 59 ans, est père de six enfants dont l’un est mort-né. Marié depuis vingt-cinq ans, il rencontre Anita Vallet, de trente ans sa cadette. Il a le « coup de foudre » pour cette jeune femme, elle-même mère de deux enfants provenant d’unions précédentes. Au point que le sexagénaire délaisse sa première femme.
« On vivait sans eau ni électricité »
Le nouveau couple s’installe rue de la Vigne à Roubaix en 1999. À cette époque déjà, les deux enfants d’Anita Vallet font l’objet de mesures de placement. Notamment parce que la maison familiale, en travaux, ne garantit aucune hygiène de vie. Et les enquêteurs de personnalité de décrire une habitation où l’« on vivait sans eau ni électricité ». De cette nouvelle union naissent trois enfants dont les deux premiers ont aussi fait l’objet d’un placement jusqu’en 2005. Date à laquelle l’habitation est considérée par les services sociaux comme permettant l’accueil des enfants. C’est dans ce contexte que naît Joan, le 13 avril 2005. Mais après sa sortie de la maternité, l’enfant n’a bénéficié d’aucun suivi médical. « Les services sociaux étaient perçus par les parents comme ceux qui enlèvent les enfants et pas comme ceux pouvant leur venir en aide », a souligné un psychologue. Les parents n’ont donc pas donné suite aux rendez-vous fixés par les instances sociales.
Claude Mahut est décrit par les experts comme « bourru, taciturne, pas causant ». Élevé par son frère dans les années quarante après la mort de son père, il a travaillé pendant trente ans en tant qu’ouvrier à la Lainière de Roubaix. « Égocentrique, il considère que c’est à la mère de s’occuper des enfants. » Anita Vallet a grandi dans l’ex-bassin minier. {{C’est à l’adolescence qu’elle bascule. À 17 ans, elle fugue, se réfugie chez des Témoins de Jéhovah, évoque une agression sexuelle dont elle aurait été victime}}. Après un séjour en hôpital psychiatrique, elle erre de foyers en foyers. L’expert psychiatre a insisté sur son « alcoolisme chronique entraînant une altération de ses facultés mentales ». Une mère qui est persuadée d’avoir tout fait pour le bien de son enfant, assurant l’avoir allaité comme il le fallait. Le jour du drame, le père et la mère, qui se trouvaient avec l’enfant chez un proche, étaient en état d’ébriété. Ils encourent trente ans de prison. Jugement vendredi. •
ROBERT LEFEBVRE
http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Metropole_Lilloise/actualite/Secteur_Metropole_Lilloise/2009/12/17/article_roubaix-les-parents-d-un-nouveau-ne-mort.shtml