MOSCOU – L’Eglise orthodoxe russe connaît une influence politique croissante en Russie et le respect de la liberté de conscience d’autres groupes religieux est en déclin, selon un rapport du département d’Etat américain rejeté mercredi par un porte-parole de l’Eglise orthodoxe.

Des observateurs ont exprimé leur inquiétude face au pouvoir politique croissant de l’Eglise orthodoxe russe. Les responsables gouvernementaux ont consulté régulièrement les dirigeants de l’Eglise sur leur politique. L’Eglise a le droit d’étudier toute législation devant passer devant le Parlement, selon le rapport publié dans la nuit de mardi à mercredi.

Un porte-parole de l’Eglise orthodoxe russe, le père Vladimir Viguilianski, a jugé que cette généralisation n’avait pas lieu d’être.

Je n’ai connaissance d’aucune consultation (des autorités) avec les dirigeants de l’Eglise orthodoxe russe sur des questions politiques, a-t-il déclaré à l’AFP.

L’Eglise orthodoxe russe n’étudie pas tous les projets de loi mais seulement ceux qui touchent à ses intérêts. C’est normal (…) nous exprimons des recommandations. Mais régulièrement, des lois sont adoptées sans en tenir compte. Ce ne sont pas des directives, a-t-il souligné.

Le rapport, qui couvre le deuxième semestre 2010, laisse aussi entendre que les commissions régionales russes chargées d’établir si un texte religieux est extrémiste et donc illégal manquent de neutralité et favorise l’Eglise orthodoxe.

Certains experts ont un réelle formation théologique, mais d’autres sont tout simplement des partisans de l’Eglise orthodoxe russe ou des autorités locales, souligne le département d’Etat.

Le rapport souligne que l’Eglise orthodoxe n’a aucune difficulté à obtenir l’autorisation de construire des lieux de culte par centaines dans la capitale russe alors que les musulmans luttent encore à Moscou pour obtenir le droit de construire une cinquième mosquée.

Il s’inquiète aussi des difficultés que rencontrent certains cultes minoritaires, en particulier les Témoins de Jéhovah et la Scientologie qui n’ont pas pu s’enregistrer en tant qu’organisation religieuse.

Le respect du gouvernement russe envers la liberté de conscience, aussi bien en droit qu’en pratique, a décliné concernant certaines minorités, estime le rapport.

L’Eglise orthodoxe russe connaît une certaine renaissance depuis 1991 et la disparition de l’URSS et son athéisme militant.
Source : AFP / 14 septembre 2011