OPINION | L’Éditorial de 24 Heures

JEAN-NOËL CUÉNOD CORRESPONDANT A PARIS | 28.10.2009 | 00:01

Salomon n’avait certes pas la blondeur de la présidente Sophie-Hélène Château. Néanmoins, le Tribunal correctionnel de Paris a rendu hier un jugement digne de cette grande figure de la justice biblique. Interdire la secte n’aurait eu pour résultat que de la soustraire au regard de la loi. Chacun peut le constater: le maquis de la clandestinité est le lieu de toutes les dérives et de toutes les esquives. En revanche, frapper la scientologie dans sa chair — l’argent et l’image — voilà qui constitue une punition autrement plus dissuasive que toutes les prohibitions. Les méthodes agressives de ventes de produits — qui paraissent plus relever du négoce que du sacerdoce — ont des limites. Le Tribunal a donc jugé que la secte les avait franchies. La voilà contrainte de payer, en tout, près de 1 million de nos francs
et de publier ce jugement tous azimuts. Cela dit, les juges ont aussi relevé que la scientologie avait modifié sa démarche dans un sens positif. Ce qui montre, une fois de plus, que la peur du gendarme est au moins aussi bonne conseillère que la terreur des enfers.

Et en Suisse? Notre pays se sent toujours mal à l’aise lorsqu’il s’agit de contrôler les institutions religieuses. Après tout, nombre de nos ancêtres s’y sont réfugiés à cause de leur foi. Il a fallu le Sonderbund et le massacre de l’Ordre du Temple solaire pour le tirer, provisoirement, de cette passivité. Mais ce sont toujours les cantons qui organisent les relations entre Etat et confessions. Sans reléguer l’indispensable fédéralisme dans les oubliettes, il devient urgent de tenir compte sur le plan national des effets que la mondialisation induit aussi dans le domaine religieux. Pourquoi ne pas instaurer un pacte laïque garantissant aux organismes confessionnels les droits que leur offre déjà la Constitution, mais en déterminant plus clairement qu’aujourd’hui les limites qu’elles ne sauraient franchir?

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