Le rapport de la Milivudes témoigne de l’influence grandissante des sectes de tout poils dans les domaines de la santé et du bien-être. Un risque non-négligeable chez des personnes fragilisées.

Santé et bien-être : des domaines particulièrement touchés par les risques sectaires filipefrazao/istock


Selon un rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Milivudes), plus de 40% des signalements de dérives sectaires concernent le développement d’offres trompeuses dans le domaine de la santé et du bien-être. Le Reiki, la kinésiologie et le refus de la vaccination sont les premiers concernés.La Milivudes déplore qu’en France « une déferlante de techniques et de méthodes de soin ait envahi le champ de la santé ». Un phénomène cependant parallèle à ce qui se passe en Europe.

Le nombre de signalements à la Milivudes est en hausse

De 2 323 signalements adressés à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) en 2016, dont 500 pour des « situations préoccupantes », le chiffre est passé à 2 580 en 2017, ce qui témoigne que la tendance se confirme.

L’évolution de ce phénomène de type sectaire touche aujourd’hui majoritairement la santé, l’éducation et la formation professionnelle. Mais « plus de 40% des signalements concernent le développement d’offres trompeuses dans le domaine de la santé et du bien-être, ainsi que d’abus par des psychothérapeutes déviants», selon Serge Blisko, le président de la Miviludes.

Reiki et kinésiologie au premier chef

Le rapport signale particulièrement deux méthodes de soins qui semblent « particulièrement inquiétantes » : le reiki, technique d’origine japonaise japonaise de traitement par imposition des mains, ce qui ouvrirait la conscience, et la kinésiologie, méthode de « thérapie holistique » inspirée par la médecine chinoise. Ces techniques connaissent un développement sans précédent en France, et sont quasi banalisées, alors qu’elles sont « porteuses de risques et non éprouvées », selon la Miviludes.

« La radicalisation de certains adeptes de cette mouvance a conduit à des dérives de caractère sectaire dans laquelle la dimension hygiéniste portée au rang de dogme a constitué un facteur déterminant » selon la Milivudes. Non reconnues par la médecine officielle, n’importe qui peut, en effet, se déclarer maître reiki ou kinésiologue.

Différents types de jeûnes et des régimes alimentaires extrêmes.

Dans la dimension bien-être, le rapport de la Milivudes souligne la hausse de la notoriété et de la fréquentation des salons « bio-zen », où sont proposés des stages « jeûnes et randonnées » qui « peuvent s’avérer dangereux pour des personnes porteuses de pathologies ou de fragilités ».

De la même façon, nombre de thérapeutes et de gourous du bien-être proposent des régimes alimentaires extrêmes comme le « crudivorisme », (pas de cuisson des aliments), le « respirianisme » (l’être humain peut se nourrir d’air et de lumière), on en passe et des meilleurs…

Associé à tous ces régimes « abracadabrantesques », la Milivudes décrit tout un processus connu de mise sous emprise des personnes fragilisées en les valorisant, en les isolants progressivement de leur entourage et en culpabilisant leurs proches. Bien entendu, suivent les stages spécialisés dont la participation est très onéreuse, voire un avenir prometteur de futur formateur associé… De l’admiration envers le thérapeute, les personnes fragilisées passent progressivement à la soumission totale avec toutes les dérives qui y sont habituelles.

Dérives sectaires et refus de la vaccination

De manière plus inattendue, une étude de l’Institut Français de Géopolitique est adjointe au rapport de la Milivudes et met en lumière une troublante association entre la diffusion géographique des premiers foyers de l’épidémie de rougeole de 2008-2014 et l’implantation des établissements de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, mouvement catholique intégriste fondé par Monseigneur Lefebvre.

L’étude fait l’hypothèse que la vaccination et son refus sont devenus un marqueur identitaire pour ce groupe religieux avec une couverture vaccinale insuffisante dans la communauté. La fréquentation des écoles et des camps de loisir par des membres non vaccinés de ce groupe religieux (plus de 60 établissements scolaires en France) s’est associée à des foyers d’épidémie concordants. De la même façon, un mouvement « antroposophique » diffuse une pensée hostile à la vaccination, diffusion d’autant plus facilitée que ces groupes sont très organisés sur les réseaux sociaux. « Ces phénomènes trouvent un écho amplifié sur les réseaux sociaux et sur Internet », selon Serge Blisko, le président de la Miviludes.

La société Française, comme le reste de l’Europe, est confrontée à une menace de dérives sectaires bien réelles et d’autant plus dangereuse qu’elle est particulièrement bien relayée sur les réseaux sociaux.

source : pourquoidocteur.fr