Mercredi 26 octobre 2011, le colloque « Bilans et perspectives », organisé dix ans après la promulgation de la loi About-Picard relative à la lutte contre les sectes et les dérives sectaires fait salle comble. « Des membres de la Scientologie sont ici ! », alerte l’un des participants à l’entrée de la salle de conférence. Ayant déjà eu maille à partir avec l’organisation multinationale, dans différents procès, l’homme reconnaît au premier coup d’oeil les « espions » habituels de la secte.

On est pourtant à l’Assemblée nationale. Chaque identité est vérifiée, les noms et qualités des participants ont certainement été passés au crible par les services de renseignement, les documents d’identité conservés en échange des badges… Ils sont là, cependant, et cela n’étonne personne.

Abus de faiblesse

Parrain de l’événement, le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer ouvre les débats. Ancien médecin, il évoque le drame que représente l’embrigadement dans une secte, « ces parents désespérés, accusés des pires maux » par leur enfant endoctriné, « ces familles déchirées », qui croyaient avoir emprunté « un chemin paisible », axé sur le développement de la personne et de la spiritualité, et qui connaissent finalement « un destin de malheur ». Il revient ensuite sur l’importance de la loi About-Picard de 2001, qui a créé un nouveau délit, celui d’abus de faiblesse. Une infraction inexistante jusqu’alors.

Georges Fenech intervient ensuite. Le président de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) insiste à son tour sur la nécessité de résister aux mouvements s’autoproclamant défenseurs de la liberté de conscience, s’opposant systématiquement à toute tentative de protection de l’individu embrigadé.

Vigilance dans le monde de la santé

Souhait majeur de Georges Fenech : que la prochaine législature mette en place une nouvelle Commission d’enquête parlementaire axée sur les dérives sectaires dans le domaine de la santé, où les abus de faiblesse sont de plus en plus courants.

Un impératif. Même si, en la matière, des progrès ont été réalisés ces dernières années, comme le rappelle Philippe Vuilque, député des Ardennes, président du groupe d’études sur les sectes de l’Assemblé nationale, et organisateur du colloque. « La loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades protège désormais les enfants des conséquences du refus de soin exprimé par les titulaires de l’autorité parentale » (1), rappelle-t-il. Le tout nouvel encadrement de l’exercice de la profession de psychothérapeute (loi du 21 juillet 2009), qui limite l’exercice détourné de ces professions par les membres de mouvements sectaires, a lui aussi constitué une avancée notable.

Longtemps isolée dans son combat contre les dérives sectaires, voire stigmatisée par les Etats-Unis pour un prétendu non-respect de la liberté religieuse, la France semble désormais faire des émules à l’international. Ainsi, la Miviludes vient d’être invitée par le gouvernement australien à présenter son travail.
Source : espace infirmier.com
par Laure de Montalembert

1 – Cf les refus de transfusion de certaines sectes.