15 juin 2011
Attention aux pseudo-thérapeutes qui exploitent la peur et aux risques d’embrigadement, alerte la Miviludes. La Mission de lutte contre les dérives sectaires dénonce « les charlatans » qui ont bien compris l’intérêt financier du marché…
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Jusqu’à preuve du contraire, ni le jus de citron, ni le bicarbonate de soude ou la kinésiologie n’ont jamais guéri un cancer, comme le laissent entendre certains promoteurs de « thérapies alternatives ». Dans son rapport annuel, la Miviludes – Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires – lance un appel à la prudence aux malades qui pourraient être tentés par ces « pratiques non conventionnelles ». Elles peuvent s’avérer dangereuses quand elles excluent les traitements classiques prescrits par les médecins.
Attention aux « alternatives » qui prétendent remplacer les traitements médicaux
Il faut faire la distinction. Il y a des méthodes comme l’acupuncture ou l’auriculothérapie, qui peuvent effectivement être utilisées en complément – et non à la place – d’un traitement classique contre le cancer. Mais, explique la mission anti-secte, il y a aussi foison de « pratiques non conventionnelles » qui prétendent, elles, remplacer les traitements préconisés par les médecins.
« Les pseudo-thérapeutes exploitent la peur du cancer »
Et c’est là qu’il y a danger. « Il s’agit là d’une véritable industrie et d’un marché porteur pour tous les charlatans qui ont très bien compris l’intérêt pour eux d’investir ce champ », prévient la Miviludes. « Le cancer fait peur et les pseudo-thérapeutes exploitent cette peur ».
Il avait laissé tombé la chimio : il est mort, à 42 ans
Serge Gagnon en est mort. Sa soeur, Françoise, raconte comment, après avoir été soigné pour une tumeur cancéreuse, fin 2006, il a décidé d’abandonner chimio et radiothérapie au bout de trois mois. « Il s’était laissé convaincre par une kinésiologue que la chimio était du poison et qu’il lui suffisait d’identifier les conflits familiaux non résolus, vrais responsables de la maladie, pour guérir ». Puis il s’est tourné vers un naturopathe, a suivi une cure de légumes pendant 40 jours.
« Quand il a voulu revenir à une médecine conventionnelle », raconte Françoise, « il était trop tard. Il est entré à l’hôpital pour ne plus en sortir. Il avait 42 ans ».
Citron, urine, bicarbonate…
Face à l’angoise des malades, les traitements par « psychogénéalogie » ou « décodage biologique » semblent avoir encore de beaux jours devant eux. Sans compter les pseudo-traitements par ingestion recensés par la Miviludes : crème à base d’huile essentielle et de lait caillé, cure de jus de citron, absorption d’urine, traitement par bicarbonate de soude…
De la dérive thérapeuthique à la dérive sectaire
Attention, prévient la Miviludes, si on vous conseille d’arrêter les traitements médicaux. Attention, aussi, si on vous propose « d’agir à la fois sur le physique et le mental ». Car, souligne la mission anti-sectes, les dérives thérapeutiques peuvent parfois se recouper avec des dérives sectaires.
Du statut de malade à celui d’adepte racketté
En effet, dénonce la misson, « un nombre croissant de mouvements sectaires a fait de la souffrance des malades atteints du cancer son fonds de commerce ». Le malade est alors engagé dans un processus d’embrigadement, et devient « un adepte soumis à un véritable racket ». Comme lorsqu’il se retrouve face à des personnes qui ne se contentent plus de vendre leurs « solutions miracles », mais proposent des formations lors de stages ou séminaires, vendues à des prix astronomiques.
Source : Le Télégramme