{{Pour son ultime plaidoirie la défense de l’Eglise” aura fait fort. Si les scientologues sont des victimes, ce n’est pas comme on le croyait de leur naïveté, d’une détresse dont profitent ceux qui les mènent à la ruine, mais d’une « police de l’esprit » nostalgique, en quelque sorte, de la peine de mort puisque l’orgnisation, qui comparaît en tant que personne morale, risque rien moins que sa dissolution – autrement dit, la mort.}}

Contre ces pourfendeurs de la “liberté d’expression” (entendez :les anti-scientologues) aucun mot n’aura paru assez dur à la défense. Son ultime plaidoirie, ce mercredi 17 juin, a joué des mêmes cordes qu’aux précédentes auditions, mais avec une ferveur décuplée. Concentrée sur les articles relatifs aux droits humains, et sur “le simple bon sens”, elle a plus attaqué que défendu. Réfutant l’un après l’autre, avec ironie, bonhomie, et l’apparente sincérité due au métier les arguments du parquet, Me Maisonneuve aura enchanté des “paroissiens” venus soutenir quelques lampistes accusés, mais surtout le destin français de ce qu’ils refusent d’appeler leur secte :

-La scientologie a “une justice, un fonctionnement propres” ? C’est le cas de toute Eglise. On y accepte les donations ? Comme dans les congrégations chrétiennes, les synagogues… Seuls les riches y sont admis ? Pourtant il existe des antennes au Bengla Desh… Elle est “sortie d’un cerveau d’auteur de science-fiction” ? Toutes les religions sont sorties d’un cerveau… Elle est prosélyte ? L’islam aussi, en plus agressif… Sa définition vous gêne ? C’est celle de la psychanalyse ; allez-vous aussi faire interdire Freud ?”

Argent ? Quel argent ?

Le dernier souci de “la bande désorganisée”, à en croire l’avocat, serait ce qu’on lui reproche au premier chef : l’argent de ses fidèles. Un argent qui n’irait en fait qu’aux formations, à l’indispensable fonctionnement de toute entreprise, et au bien-être de ceux qui ont déboursé. “Pas un de mes clients ne s’est enrichi !” L’aussi coûteux qu’indispensable électromètre serait fiable ; les tests de personnalité, aussi, et l’ensemble des prestations, garanti à tel point qu’une éventuelle déception entraînerait leur remboursement automatique (précision, qu’escamote la plaidoirie : lorsque se profile une plainte en justice…).

Deux heures d’un ardent éloge de l’organisation, de sa doctrine, des fidèles, auront donné de l’invention de Ron Hubbard l’image idéale d’un ïlot menacé par une société malveillante parce qu’incapable d’appréhender sa pureté. De quoi convaincre ceux qui n’en connaîtraient rien d’y adhérer. Gommées, les vies ruinées, les intimidations, flicages internes, répertoriés et dénoncés tout au long de ce demi-siècle.. Renvoyé à ses responsabilités, un Etat qui “laisse la besogne à [une] justice” dont la mission est de faire respecter les droits de l’homme (et en l’occurrence son article 10, ou la loi de 1905, l’arrêté de 1980 ,reconnaissant la scientologie comme religion à part entière), et non de légiférer…

Rasséréné, renforcé dans des convictions peut-être fragiles, le public d’abord intimidé se détend, et se retient d’applaudir quand Me Maisonneuve conclut : “Je vous demande de dissoudre, non pas l’Eglise de scientologie, mais les atteintes à la liberté, mais les préjugés…”

{{Roublard Hubbard}}

Le fondateur de l’Eglise, Ron Hubbard, fameux romancier de science-fiction et non moindre falsificateur de ses propres origines, distinctions et parcours, avait lui aussi le don de convaincre. S’était-il pris au jeu du bienfaiteur, ou conserva-t-il jusqu’au bout ce principe : “Si l’on veut gagner dix millions de dollars, mieux vaut fonder une Eglise” ? Le sort de l’antenne française de scientologue sera connu le 27 octobre à 10 heures.

{{“Anonymes” secticides}}

Un de ces “Anonymous”, empêcheurs d’empocher au nom de la foi – et dont le récent buzz anti-Lefebvre avait, rappelez-vous, réveillé l’attention sur le procès -, rôdait masqué ce mercredi, dans le sillage d’adeptes effarés. […]

Agora Vox, Julie Dep, vendredi 19 juin 2009