NOUVELOBS.COM | 26.05.2009 | 18:57

{{Une ancienne adepte a raconté mardi au tribunal comment elle a été délestée de 21.000 en 4 mois. Les prévenus la déclarent consentante.}}

Alain Rosenberg, directeur de l’Eglise de Scientologie en France, arrive entouré de ses avocats au tribunal
Une ancienne adepte de la Scientologie a livré mardi 26 mai au tribunal de Paris un récit accablant de son passage en 1998 dans ce groupement jugé pour “escroquerie en bande organisée” et qui risque la dissolution.

Aude-Claire Malton a raconté avoir été délestée de 21.000 euros en quatre mois pour suivre des cours et une séance de “purification” consistant en quatre heures de sauna par jour pendant treize jours, des joggings intensifs et l’administration de vitamines ayant amené des troubles gastriques. Elle estime qu’il s’agissait de la mettre dans un état de faiblesse entraînant d’autres prestations payantes.
Les scientologues sont allés, selon elle, jusqu’à l’accompagner dans un organisme de crédit pour qu’elle contracte des prêts, et se sont rendus à son domicile un soir pour lui faire signer trois chèques.

{{“Ils ont abusé de ma faiblesse”}}

“Ça m’a épuisée et démolie (…) Ils ont abusé de ma faiblesse, de mon état psychologique, pour prendre mon argent et en aucun cas pour me venir en aide”, a-t-elle lancé en pleurs.
Soustraite par sa famille à l’organisation, elle a expliqué avoir maintenu sa plainte dix ans durant en dépit des propositions financières de la Scientologie. “Je pense que je représente les personnes qui ne peuvent pas se présenter au tribunal pour qu’on s’aperçoive qu’ils sont manipulés par ces gens et que ça s’arrête”, a-t-elle déclaré.
Les deux représentants de l’Eglise jugés soulignent qu’Aude-Claire Malton était consentante. Jean-François Valli, qui l’a suivie à la Scientologie, n’a pas contesté le récit de la plaignante, mais expliqué que tout s’effectuait dans le cadre d’une relation “conviviale”.
Me Patrick Maisonneuve, avocat de la Scientologie, a souligné qu’Aude-Claire Malton avait rédigé des “lettres de succès” saluant les différentes étapes des “enseignements”. Pour la plaignante, il s’agissait de documents formels nécessaires pour franchir les étapes du parcours décrit par les scientologues comme une épreuve.

{{Comptes bancaires et épargne vidés}}

Tout a commencé par un “test de personnalité” distribué à la sortie du métro. Aude-Claire Malton, qui était gouvernante dans un hôtel, l’ayant rempli et renvoyé à l’adresse indiquée, elle a été contactée par téléphone par un scientologue lui expliquant que son cas nécessitait une prise en charge.
Elle était à l’époque dépressive, souffrant d’une rupture sentimentale, a-t-elle raconté. Elle a ensuite entamé des cours du soir payants, après lesquels il lui était systématiquement proposé un entretien avec un scientologue. Il proposait des promotions sur des “packages” de cours et sur divers livres et équipements, comme l'”électromètre”, appareil électrique vendu 4.800 euros. Aude-Claire Malton a vidé tous ses comptes bancaires et asséché son épargne. L’électromètre est décrit comme sans utilité par les experts judiciaires mais présenté comme indispensable par la Scientologie à la “liturgie”.

{{Stage de “purification”}}

Après le stage de “purification”, effectué pendant des congés, sous la direction d’un scientologue, Aude-Claire Malton, couverte de boutons et de rougeurs, avait perdu quatre kilos et souffrait de troubles gastriques. Elle a dit avoir passé un test faisant état d’une “légère amélioration dans la progression”. “J’ai été effondrée, vu l’effort fourni, mais ça m’incitait à continuer”, a-t-elle relaté. C’est son frère qui l’a convaincue d’arrêter.

Une deuxième ex-adepte sera entendue mercredi par le tribunal. La Scientologie parle de “chasse aux sorcières” à propos du procès et invoque la liberté de religion. La présidente du tribunal a souligné que celui-ci ne s’était pas saisi d’un “problème de société” mais de présomptions de délits. Considérée comme une religion aux Etats-Unis mais comme une secte en France, la Scientologie risque d’être interdite d’activité par le tribunal. Cette sanction n’entrera en vigueur que si elle est confirmée en appel et en cassation, ce qui prendrait des années.
(Nouvelobs.com avec Reuters)

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FRS1276 4 RJ 0631 FRA /AFP-RQ35
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Cours de “réparation de vie”, de “purification” : une ancienne membre

raconte (COMPTE RENDU)
Par Dorothée MOISAN

PARIS, 26 mai 2009 (AFP) – Cours de “réparation de vie”, “purification”,
“électromètre” : une ancienne élève de la Scientologie a expliqué mardi comment l’organisation avait abusé de sa faiblesse pour lui soutirer de l’argent, des reproches contestés par les scientologues qui assurent n’avoir fait que l’aider à progresser spirituellement.
“Ils ont abusé de ma faiblesse, de mon état psychologique (…) pour obtenir de l’argent, mais en aucun cas pour me venir en aide”, a dénoncé Aude-Claire, qui préfère rester anonyme, devant le tribunal correctionnel de Paris.
“C’est de la manipulation mentale et il faut que ça s’arrête”, a-t-elle
supplié, en larmes, au deuxième jour du procès pour “escroquerie en bande organisée” de l’Association spirituelle de l’Eglise de Scientologie et de six de ses membres.
Sa rencontre avec la Scientologie remonte à l’année 1998. “A la sortie du
métro, raconte-t-elle, on m’a donné un questionnaire à remplir. Je l’ai posté et, deux-trois jours plus tard, j’ai été contactée par téléphone”.
Dépressive et en rupture sentimentale, la jeune femme, alors âgée de 32 ans, se laisse convaincre que les cours de “dianétique” dispensés par l’Eglise de Scientologie peuvent l’aider à résoudre ses “gros problèmes”. “J’ai commencé ces cours, et quelques temps après, on m’en a vendu un deuxième, un troisième…” Entre mi-mai et fin août, elle finit par dépenser 140.000 francs (21.500 euros), entre livres, électromètre –un appareil électrique utilisé par la Scientologie–, cours de “réparation de vie” et cure
de “purification”.
Prise à la gorge, la gouvernante, qui ne gagne alors que 8.000 francs (1.200 euros) par mois, vide son plan d’épargne-logement, son Codevi et son assurance-vie. Jean-François Valli, son conseiller-orienteur, va jusqu’à l’accompagner à la porte de Sofinco pour contracter un crédit.
“Vous ne quittiez pas son bureau sans avoir signé un chèque ou débité une carte de crédit”, témoigne aujourd’hui Aude-Claire.
“On était dans une telle ambiance qu’il fallait suivre d’autres cours pour
améliorer son bien-être”, se justifie-t-elle. Et quand elle critiquait la cherté des cours, on lui répondait que ce n’était rien par rapport à ce qu’elle allait y gagner spirituellement.
“Après m’être fait dévaliser, j’étais lessivée. Ca m’a épuisée et démolie”,
conclut la femme blonde aux cheveux mi-longs. Un épuisement auquel sa cure de purification n’était sûrement pas étrangère : pendant 13 jours, elle a dû, quotidiennement, ingurgiter des vitamines, courir et faire des séances de sauna de plus de quatre heures, une expérience qui lui a fait perdre 4 kilos.
C’est en discutant avec un ami fin août 1998 qu’elle finit par tourner le
dos à la Scientologie, et à porter plainte pour escroquerie.
Un revirement que Jean-François Valli ne s’explique pas. Pour le
scientologue, “elle était contente” et “pressée d’avancer”. Elle ne prenait “pas de décision à la légère”, balbutie-t-il à la barre. “C’était son souhait de planifier son cursus” et de payer ces cours à l’avance.
En dépit de la “relation très conviviale” qu’ils entretenaient selon lui, il
affirme que l’ancienne élève ne lui a “jamais fait part d’un étranglement”
financier.
“Elle n’était pas obligée de payer”, “la Scientologie ne peut se faire sous
la contrainte, elle est basée sur le volontarisme”, martèle le quadragénaire, malmené à plusieurs reprises par le ministère public.
Mais pour l’avocat de l’association, Me Patrick Maisonneuve, toute cette
affaire, “c’est plus l’histoire d’une déception que celle d’une tromperie”.

dom/ls/sd

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