SAN ANGELO, Texas — Les autorités texanes ont défendu vendredi leur intervention tardive contre une secte qui prônait la polygamie et dont 400 mineurs, en majorité des jeunes filles, ont finalement été évacués.

Pendant quatre ans, a affirmé le shérif d’Eldorado, David Doran, un informateur a fourni des éléments sur ce groupe, qui avait bâti depuis 2004 un complexe de 690 hectares dans le désert de l’ouest du Texas, non loin du bureau du chef de la police municipale. Mais chaque fois que ce dernier et un Texas Ranger rendaient visite au “Ranch de Sion”, les habitants s’éparpillaient et les deux hommes ne trouvaient rien qui permette d’ouvrir une enquête criminelle.

La secte, l’Eglise fondamentaliste des saints des derniers jours (FLDS), est une communauté dissidente d’inspiration mormone. Elle avait construit plusieurs lotissements, une école, un dispensaire et un temple sur sa propriété.

“Je n’ai pas de regrets parce que nous n’avons jamais reçu de plainte. Il n’y avait pas de preuve d’activité illégale ou d’infraction visible”, s’est justifié le shérif. “Vous pouvez toujours soupçonner quelque chose, vous ne pouvez pas faire grand-chose avant d’avoir quelque chose qui vous amène dans la propriété”, a-t-il poursuivi, “on est aux Etats-Unis (…) Nous n’allions pas violer leurs droits civiques”.

Les forces de sécurité qui avaient déjà préparé un plan d’action sont finalement intervenues le 3 avril, alertées par un refuge contre les violences familiales. Celui-ci avait reçu un appel d’une jeune fille de 16 ans terrifiée qui se disait battue et violée par son mari âgé de 50 ans.

L’opération a abouti à l’évacuation de 416 mineurs, des jeunes filles pour la plupart, dont les autorités soupçonnent qu’elles ont subi des agressions sexuelles et physiques.

Le shérif Doran a ajouté que ce n’est qu’une fois lancé le coup de filet qu’il a appris que la secte mariait de force des jeunes filles n’ayant pas atteint l’âge légal et que l’union devait être immédiatement consommée dans un lit installé dans le temple même. Selon des enquêteurs, un certain nombre d’adolescentes sont enceintes.

Trois mères de dix enfants évacués du ranch alors qu’elles étaient sorties ont déclaré que les autorités leur interdisaient de voir ou de parler à leurs enfants. L’une d’elle, Mme Johnson, 30 ans, a expliqué au journal de l’Utah “Desert Morning News” de vendredi qu’elle s’inquiétait pour ses trois enfants, âgés de moins de 7 ans. “Ils ont besoin de leur mère. Je suis une bonne mère et je veux être avec mes enfants.”

la presse canadienne- 12 avril 2008-