“Le phénomène d’entrisme (des sectes) dans la vie professionnelle peut être considéré comme en plein développement” souligne la Miviludes dans son rapport 2011/2012**. En cause : des raisons qui tiennent en grande partie à l’instabilité professionnelle actuelle et aux nouveaux modes de management et d’organisation des entreprises. “Externalisation des tâches, diversification des aspirations des cadres face aux changements de méthodes de management et à l’évolution des stratégies internes, accroissement des aspirations à la reconversion professionnelle…” C’est en creux le portrait d’une génération de salariés, mais aussi de gestionnaires de ressources humaines et de “communicants” déstabilisés, à la recherche de sens et de “recettes” antistress, que traduit cette montée de l’influence sectaire, dans des champs qui dépassent la stricte offre de formation pour s’insérer dans de nouvelles offres de services.

Des méthodes nouvelles. “Les moyens de l’entrisme dans un milieu professionnel – entreprise, institution, administration – se diversifient avec le temps”, constate la Miviludes. Face aux risques de contrôles, les organisations sectaires sortent aussi de “l’offre catalogue”, pour proposer des remèdes aux organisations en souffrance. “Formations comportementales, développement personnel et approches réellement ou artificiellement présentées comme psychothérapeutiques sont ainsi mis en avant comme des solutions innovantes et salvatrices formant un tout. Certains vont même jusqu’à qualifier ces « démarches » de systémiques”, met en garde la Miviludes.

Les moyens de détection

Ainsi, si 60 organismes de formation dûment inscrits en tant que tels ont été exclus de la formation professionnelle pour tout ou partie de leurs activités en 2012 par le ministère, les influences des sectes sont aussi à détecter hors du strict champ de la formation : sociétés non inscrites au répertoire des organismes de formation, glissements d’activités d’une offre de formation dite “certifiante” vers le conseil en recrutement ou de l’activité de conseil vers le coaching, propositions de formations dans le cadre du droit individuel à la formation par des organismes “non connus des services de l’État ou ayant fait l’objet de contentieux administratifs”…

Réforme de la formation = plus de contrôle ? Les 180 agents du ministère chargés du contrôle de la formation professionnelle doivent ainsi explorer les actions douteuses dans des offres élargies. Une tâche qui se complexifie, donc. “La réforme de la formation professionnelle qui s’engagera dans les mois qui viennent sera l’occasion d’évaluer et de renforcer la lutte contre toutes les tentatives de dérives sectaires”, assure Michel Sapin, ministre du Travail. Reste à en connaître les moyens.

* Miviludes : Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.
** Lire le rapport 2011/2012 de la Miviludes.

SOURCE : L’EXPRESS pour se former.fr par Dominique Perez

Mai 2013