Les agents de la lutte contre les dérives sectaires ont déménagé de Matignon pour rejoindre ceux de la prévention de la délinquance et de la radicalisation située au ministère de l’Intérieur. Une situation incompréhensible pour les associations engagées dans la lutte contre l’emprise des sectes dont 500 000 français sont victimes

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, plus connue sous le nom de Miviludes, a disparu au 1er janvier… mais pas tout à fait. Elle est en réalité passée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et a fusionné avec le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation, le SG-CIPDR, après vingt années de bons et loyaux services à Matignon. Présentée comme une réorganisation destinée à améliorer l’éfficacité, cette décision a surtout été motivée par des motifs d’économie.

 

500 000 Français sous emprise
Cette situation inquiète, en particulier les associations qui estiment que la lutte contre les sectes n’est désormais plus une priorité, à l’heure où, il est vrai, on parle davantage de la radicalisation islamiste que de la scientologie. Pourtant moins médiatisées en ce moment, les sectes n’ont pas disparu du paysage, loin de là.
«Personne n’a compris le sens de cette dissolution de fait » a déclaré un proche de Miviludes à l’hedomadaire Marianne. Et de rappeler que chaque semaine, une église évangélique ouvre ses portes en France, avec des pasteurs autoplocamés qui prétendent en autres choses “guérir l’homosuexualité”. La scientologie a aussi investit 33 millions d’Euros dans son siège de Saint Denis. Il y a encore le complotisme évidemment qui prolifère sur Internet, derrière lequel s’activent des mouvements sectaires…
Bonne nouvelle pour les sectes
Président de la Miviludes de 2008 à 2012, l’ancien magistrat et député Georges Fenech a estimé sur France Info que cette fusion est «une bonne nouvelle pour les sectes». Pour lui, «faire migrer cette mission vers le comité interministériel de prévention de la radicalisation et de la délinquance c’est une très mauvaise solution parce qu’encore une fois l’emprise mentale, le phénomène sectaire, est différent du phénomène de la radicalisation».
Georges Fenech rappelle que 500 000 français, dont 60000 à 80000 enfants, sont aujourd’hui touchés par le phénomène sectaire et que cette emprise mentale touche de nombreux domaines, de l’éducation à la santé. L’activité de la Miviludes était, elle, encore en hausse, avec une augmentation des saisines de 30 % entre 2015 et 2018, selon un rapport cité par l’AFP.
Des organisations «complémentaires»
De son côté Frédéric Rose, le secrétaire général du CIPDR, estime que les deux organisations désormais fusionnées sont «complémentaires». «On a à apprendre de l’expertise de la Miviludes, dit-il, on ne va pas la dissoudre (…) Ils continueront de travailler».
Ils, ce sont les neuf agents de l’ancienne mission, qui ont donc fait leurs cartons pour rejoindre le ministère de l’Intérieur. Pour eux, des inconnues subsistent, tant au niveau de leurs conditions d’exercice que sur des questions matérielles. Et en premier lieu le transfert des précieuses archives de la Miviludes, recensant plus de vingt années de dérives sectaires en France.

source ; http://www.francesoir.fr/actualites-france/quelle-lutte-contre-les-sectes-apres-la-disparition-de-la-miviludes