19.06.2008

Le champ de la lutte contre les sectes est vaste: mais il ne demande qu’à s’élargir encore!
Notre société y pourvoit.

Même un magazine comme Voici presse la sonnette d’alarme dans le numéro de cette semaine.

L’objet de l’alerte? La téléréalité.

Nicolas Santolaria signe ici un article édifiant sur Jérémie Assous (en médaillon ci-dessus), avocat spécialisé dans les victimes des émissions de téléralité à la mode. Il est devenu, dixit, «le cauchemar des producteurs de téléralité».

Le titre de l’article de Voici est explicite: “L’avocat qui fait trembler la Réal-TV” (N.Santolaria, p.62-63)

Son argumentaire est simple: pour lui, ces producteurs ont menti pendant des années, en faisant croire que les candidats de téléréalité ne travaillent pas, ce qui serait d’après-lui archi faux.

{{Industrie peu scrupuleuse}}

Ses arguments semblent convainquants.
Depuis 2003, on commence en effet à connaître les ficelles (très grossières) de l’industrie de téléréalité, avec ses scénarios arrangés, ses trucages à gogo, ses accroches racoleuses et ses contrats abusifs qui laissent bon nombre de candidats sur le carreau une fois les paillettes rangées au vestiaire.
Jérémie Assous s’est forgé, dans la défense d’ex-candidats grugés, une cause intéressante.

Plus d’une centaine de victimes se presseraient dans son cabinet, et d’après Voici, ce n’est qu’un début!!

Vous me direz, il ne faut pas croire ce qu’on lit dans Voici…
Oui mais.
Oui mais, parce que Voici est bien renseigné dans le domaine du tape-à-l’œil médiatique.

Oui mais, parce que l’auteur de l’article, Nicolas Santolaria (qui a écrit dans Technikart), est tout sauf un imbécile: il a même codirigé avec Laurent Tremel un remarquable ouvrage aux Presses Universitaires de France (PUF) sur les formes sociales et les faux-semblants du jeu télévisé aujourd’hui.

Oui mais, car le dossier de Voici est repris en écho ailleurs (ou réciproquement), y compris dans le très sérieux hebdomadaire Le Point.

Ces éléments invitent donc à se pencher d’un peu plus près sur ce dossier, d’autant plus qu’il rejoint une problématique sociétale brûlante (quoiqu’un peu tiédissante): les sectes.

Dérives sectaires dans la téléréalité

Explication : le cœur de l’argumentaire de Jérémie Assous est le suivant, cité par Nicolas Santolaria:

«Ces émissions utilisent des méthodes comparables à celles des sectes (…) Dans Secret Story, les candidats devaient pouvoir réciter à n’importe quel moment les dix commandements de la Voix. Et pour obtenir les séquences souhaitées, la prod distribue de l’alcool à volonté, rationne la nourriture et installe un système de « punitions/récompenses » dans le but de soumettre totalement les participants. Privés de sommeil, beaucoup tombent en dépression quand ils sortent de là».

La comparaison avec les sectes fait peut-être sourire. Moi, elle ne me fait pas rire, et je la prendrais volontiers au sérieux.

Je suggère à la MIVILUDES (ou plutôt, à la structure qui devrait lui succéder) un nouveau chantier d’investigation: TF1 (qui a diffusé Secret Story en 2007) et autres chaînes qui font du profit sur la base de méthodes présumées sectaires!

http://blogdesebastienfath.hautetfort.com/archive/2008/06/23/sectes-nouveau-chantier-pour-la-miviludes.html#more