Créé le 19.05.09 à 19h54

INTERVIEW – Henri-Pierre Debord, de la Miviludes, explique comment les sectes se servent d’Internet…
Entre 500 et 600 mouvements sectaires sont établis en France, contre moins de 200 il y a quinze ans, profitant notamment du marché florissant de l’épanouissement personnel. C’est le principal enseignement tiré du rapport annuel de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) remis ce mardi à François Fillon.

Internet est un fort vecteur de développement pour ces nombreux réseaux sectaires. 20minutes.fr a interviewé Henri-Pierre Debord, qui a étudié cette question pour la Miviludes.

{{Concrètement, comment une secte recrute-elle des adhérents sur le Web?}}

Les sectes prennent place sur le Net en achetant des noms de domaine liés à des mots-clés incontournables quand on s’intéresse au bien-être, au développement personnel, à l’accomplissement de soi et au management des hommes. Ces sites, qui sont des faux-nez renvoyant à des organisations sectaires, sont noyés dans une masse de sites sur ces thématiques. Les gens qui ont besoin de trouver des solutions toutes faites à leur mal-être peuvent être tentés de faire des recherches sur le Web, et prennent le risque de tomber sur ces sites aux intitulés apparemment anodins [exemples: non-stress.com et mentalementvotre.net liés à la Scientologie, NDLR]. L’internaute sera alors incité à acheter un livre ou à s’inscrire à un stage. Il rentre alors dans le circuit: après un premier stage, il y en aura un deuxième, puis un troisième. On perçoit moins le risque sur Internet que quand on est accosté dans la rue.

{{Les sectes sont-elles présentes sur les réseaux sociaux comme Facebook?}}

Il y a quelques informations à notre disposition qui nous laissent penser que le sectes sont présentes sur Facebook mais je resterais extrêmement prudent. Une chose est sûre: les sectes sont très friandes de données personnelles. Traditionnellement, elles font passer des tests de personnalité pour mieux cibler d’éventuels nouveaux adhérents. Sur Facebook, une partie de ces données sont immédiatement disponibles.

{{Dans le rapport annuel, vous faites état de tentatives de contrer la Miviludes sur Google…}}

Oui, en effet, certaines sectes créent des sites reprenant les termes utilisés par la Miviludes pour essayer de nous mettre la tête sous l’eau sur Google. L’objectif est d’essayer d’apparaître le plus haut possible sur les moteurs de recherche pour détourner l’attention des internautes.

20minutes.fr