1 / 2Certaines d’entre elles ont défrayé la chronique et marqué le paysage médiatique, judiciaire voire architecturale pour les plus démonstratives. L’aumisme, autrement connu sous le nom de « Mandarom » avait construit une « cité sainte » gigantesque dans les Alpes françaises à la fin des années 1990. Seize membres de l’Ordre du Temple solaire avaient, eux, trouvé la mort en décembre 1995.
Au-delà de ces quelques exemples parmi les plus connus, de petits groupes moins facilement identifiables continuent d’essaimer sur le territoire. « Aucun département n’y échappe », explique Jean Racine, secrétaire vosgien du Cercle laïque pour la prévention du sectarisme (CLPS), une association loi 1901 qui vient de fêter ses dix ans dernièrement et qui s’est donné pour mission d’observer les éventuelles dérives sectaires dans les Vosges. « Nous assistons à des réunions, des conférences qui nous paraissent suspectes ou qui nous ont été signalées. S’il y a lieu, nous faisons remonter les informations à la Miviludes, à la préfecture ou à la gendarmerie.»
La Miviludes, mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, reçoit environ 2 000 signalements par an. Certains sont clairement identifiables, d’autres moins.
Dommages collatéraux
« Depuis quelques années, on a l’impression que les grands groupes sont moins actifs. Peut-être n’est-ce qu’une impression. En tout cas, de plus petits groupes essayent toujours d’attirer des adeptes dans leur filet », confie Jean Racine. Ces derniers temps, ce sont les domaines de la santé et du bien-être qui sont particulièrement concernés. « Quand on vous dit qu’il faut prier, dans le cadre d’une maladie grave parce que ça peut aider à conserver le moral, très bien. Ça ne peut pas faire de mal en complément du traitement. Par contre, si la prière se substitue aux médicaments ou aux actes médicaux, là il y a dérive.»
Ces petits groupes dont parle Jean Racine agissent dans l’ombre, d’une manière tout aussi pernicieuse mais moins visible. « On vous demande de faire des dons. Pas directement mais on vous le fait comprendre. Les adeptes, bien endoctrinés, sont persuadés d’agir pour leur bien. Ils sont adultes et on ne peut pas intervenir. Mais pour les proches et la famille, avec qui souvent tous les contacts sont coupés, les dommages collatéraux sont très importants.»
Et sans dépôt de plainte, difficile d’agir. Le CLPS ne peut pas se porter partie civile dans le cadre d’un procès. Mais ses missions vont toutefois au-delà de l’observation. « Nous intervenons dans des conférences, dans des écoles. Pour mettre en garde. Il ne s’agit pas non plus de tomber dans la paranoïa. Nous sommes très attachés à la laïcité, à liberté de pensée. Mais il faut qu’elle s’exerce sans pression ni coercition.»
L’argent, le pouvoir et le sexe, les trois piliers des sectes ont une importance plus ou moins grande selon les groupes mais tout repose là-dessus. « Quelqu’un qui cherche à vous vendre du bonheur au kilo, c’est louche. Ça n’existe pas, prévient Jean Racine. Pour moi, une secte c’est comme un magasin. Parfois la vitrine est attirante mais il ne faut jamais aller dans l’arrière-boutique.»
Besoin de renseignement ou faire un signalement auprès du CLPS : 03 84 97 57. Sur internet : http://www.prevensectes.com/home.htm et www.miviludes.gouv.fr
SOURCE / http://www.vosgesmatin.fr/actualite/2012/03/26/sectes-un-devoir-de-vigilance
VOSGES MATIN 26 mars 2012
Marion JACOB