L’Agence de santé australienne (le NHMRC, National Health and Medical Research Council) vient de procéder à une étude approfondie de l’efficacité de l’homéopathie. Ses résultats confirment ceux déjà établis par de nombreuses agences nationales, et synthétisées il y a quelques années par la revue The Lancet en 2005, sur la base d’une méta-analyse de grande ampleur : les effets cliniques de l’homéopathie sont ceux d’un placebo1.

Nous reproduisons ici la synthèse de l’agence australienne, traduite par nos soins et sous notre seule responsabilité. Texte original sur le site du NHMRC2 .

J.-P. K.

Traduction de la déclaration du NHMRC australien (mars 2015)

En se fondant sur les preuves recueillies, le NHMRC conclut qu’il n’y a aucune indication de santé pour laquelle il existerait des preuves fiables d’efficacité de l’homéopathie. L’homéopathie ne doit pas être utilisée pour traiter des problèmes de santé chroniques, graves ou pouvant devenir graves. Les personnes qui choisissent l’homéopathie peuvent mettre en danger leur santé si elles rejettent un traitement pour lequel il existe des preuves suffisantes d’efficacité et de sécurité, ou si elles retardent sa mise en œuvre. Les personnes qui envisagent le recours à l’homéopathie doivent d’abord consulter un médecin agréé. Ceux qui l’utilisent déjà doivent en faire part à leur médecin traitant et doivent continuer à se conformer aux traitements par ailleurs prescrits. Le NHMRC s’attache à ce que le public australien se voie proposer des traitements et des thérapies fondés sur les meilleures preuves d’efficacité disponibles.

{{L’homéopathie}}

L’homéopathie est une médecine complémentaire et alternative fondée sur deux idées principales : qu’une substance qui provoque des symptômes sur une personne en bonne santé, peut, à très faible dose, guérir de ces symptômes une personne malade ; et que le produit, dans une préparation à haute dilution, conserve la mémoire de la substance originelle.

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La méthode d’évaluation du NHMRC}}

Le NHMRC a procédé à une évaluation des preuves de l’efficacité de l’homéopathie en se fondant sur :
– Une analyse par un consultant indépendant de l’ensemble des analyses systématiques disponibles ;
– Une évaluation indépendante des informations communiquées par les groupes d’intérêt de l’homéopathie et par le public ;
– La prise en compte des recommandations de bonnes pratiques médicales ainsi que les rapports des agences gouvernementales sur l’homéopathie publiés dans les autres pays.

Les méthodes classiques, standardisées et acceptées, relatives à l’évaluation de la fiabilité de l’efficacité de thérapies ont été mises en œuvre. Ce travail a été supervisé par la commission sur l’homéopathie, mise en place par le NHMRC. En s’appuyant sur son expertise collective en termes de médecine fondée sur les preuves et en termes de méthodologie et sa connaissance relative aux médecines complémentaires et alternatives, cette commission a également produit une recommandation sur la manière dont les faits doivent être interprétés et présentés dans les documents d’information. Une approche de type « évaluation des technologies de santé » (Health Technology Assessment) a ainsi été mise en place. Dans ce cadre, pour qu’un traitement soit considéré comme efficace, il doit conduire à une amélioration de l’état de santé qui soit significative et qui ne puisse pas s’expliquer par le seul effet placebo. Il doit y avoir des preuves que l’amélioration de l’état de santé des personnes prenant le traitement ne s’explique pas par le hasard. Et les résultats obtenus doivent avoir été reproduits de façon cohérente dans plusieurs études.

Au total, ce sont 57 analyses systématiques qui ont été identifiées, portant sur un total de 176 études individuelles. Une étude n’a été prise en compte que si elle comparait un groupe de patients traité par homéopathie avec un groupe témoin similaire (études contrôlées). Pour chaque type de maladies traité dans les analyses systématiques ont été évalués la qualité et le nombre des études individuelles ainsi que la méthodologie employée. Chaque étude individuelle a aussi fait l’objet d’une évaluation prenant en compte le nombre de participants, les biais éventuels pouvant favoriser l’homéopathie, le placebo ou un autre traitement.

D’autres informations ou études provenant des groupes d’intérêt homéopathiques ou du public ont également été sollicitées à deux étapes du processus : au tout début (preliminary submitted literature) et après la présentation de la littérature scientifique retenue (public consultation submitted literature). Ces informations complémentaires ont été évaluées selon la même méthodologie mise en œuvre pour l’étude générale. Si ces nouvelles informations portaient sur une maladie déjà traitée, la cohérence des résultats a été évaluée au regard des preuves et faits établis. Dans le cas où une étude soumise portait sur une maladie non traitée dans le corpus existant, elle était alors évaluée en fonction de sa méthodologie, sa taille et les différents biais pouvant altérer les résultats, afin d’en déduire des possibles conclusions en terme d’efficacité de l’homéopathie.

Résultats

Aucune preuve fiable d’une efficacité de l’homéopathie chez l’homme n’a été trouvée pour le traitement de l’une des maladies considérées dans les différentes études. Aucune étude bien conduite, avec un nombre suffisant de participants et produisant des résultats significatifs n’a pu mettre en évidence un effet de l’homéopathie, soit supérieur à l’action d’un placebo, soit provoquant une amélioration de l’état de santé similaire à un traitement existant. Pour certaines maladies, les études ne montrent pas un effet de l’homéopathie meilleur qu’un placebo. Pour d’autres, ce sont des études de qualité médiocre qui reportent, soit un résultat meilleur qu’un placebo, soit un résultat comparable à un traitement existant. Cependant, du fait de leurs insuffisances, ces études n’étaient pas assez fiables pour tirer des conclusions. Pour les maladies restantes, aucune conclusion ne pouvait être tirée sur l’efficacité de l’homéopathie par manque de preuves suffisantes.

source :http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2436