3,5 millions d’euros de financement ont été accordés par l’Europe au projet Practicies pour créer des outils de prévention de la radicalisation chez les jeunes. Entretien avec Séraphin Alava, coordinateur général du projet.

{{Quels outils de lutte contre l’extrémisme vont être mis en place avec le projet Practicies ?
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En pratique, nous améliorerons les outils de repérage de l’extrémisation déjà existants, et surtout, nous en créerons de nouveaux à destination du grand public. Le premier outil sera un logiciel de contrôle parental qui analysera les discours auxquels le jeune est confronté sur les réseaux sociaux, afin de détecter des dérives. Le second outil sera un robot pour le web, qui va tracer les URL à caractère haineux pour mieux les neutraliser. Un des grands volets du projet est aussi l’éducation des jeunes aux médias, car 80 % d’entre eux n’ont jamais lu un journal et 70 % se renseignent sur les réseaux sociaux uniquement. Ils doivent apprendre à décoder l’information, pour cela nous travaillons avec la Meac, à Mollenbeck, qui forme au décryptage de vidéos, et avec des groupes d’enseignement actifs locaux, dont nous souhaitons encourager les initiatives individuelles. Actuellement, nous manquons d’outils à destination du grand public, le site gouvernemental stop-djihadisme. fr étant avant tout fait pour les structures. Les associations possèdent des moyens efficaces. Nous aimerions à terme créer un site qui regrouperait toutes les solutions de prévention, pour lequel nous sommes en recherche de financement.

{{Toulouse est-elle un foyer de radicalisation important ?}}

Oui, et la situation évolue très lentement. Il y a toujours eu beaucoup de délinquance à Toulouse, et les problèmes de fond dans les quartiers «à risque» ne sont pas réglés. Il n’y a pas de perspective d’intégration citoyenne pour ces jeunes. On constate tout de même une meilleure coordination entre les services (sociaux, policiers et éducatifs), et des agents mieux formés. Mais nous ne sommes qu’à l’aube de la résolution des problèmes.

{{Que faire si l’on constate la dérive d’un proche ?}}

Il faut en parler à ses proches pour savoir si le doute est fondé. Ensuite, il est conseillé de se tourner vers des associations. Il est très important de garder le contact avec le jeune. Enfin, il ne faut pas hésiter à appeler le numéro vert, le 0800 005 696 qui peut offrir une aide psychologique ou envoyer sur place un éducateur spécialisé. Un jeune radicalisé n’est pas un humain génétiquement modifié : Il est toujours possible de le faire retourner sur le droit chemin.

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Des projets à Toulouse

Practicies, c’est une coopération de 10 pays et de 25 partenaires. Les rôles sont définis : La ville de Madrid gérera le pôle lié au terrorisme, la Grèce la prévention informatique, ou encore l’EFUS gérera la coordination entre les villes.

À Toulouse, la Mairie, avec la Mission Égalité et Éducation, ainsi que l’association Syrien ne Bouge sont des partenaires actifs. Localement, il s’agira de créer des campagnes de communication sur Internet avec des vidéos de question/réponse, de créer des cafés citoyens avec les associations pour répondre aux questions, ainsi que de créer des outils d’aide pour les familles. Les préfectures de Toulouse et Tarbes ainsi que les académies de Toulouse et Montauban ont aussi répondu présentes pour apporter leur soutien.

Propos recueillis par Lola Canales

source :

Publié le 07/02/2017 à 08:01
http://www.ladepeche.fr/article/2017/02/07/2512693-seraphin-alava-peut-toujours-faire-retourner-jeune-radicalise-droit-chemin.html