CLICANOO.COM | Publié le 29 décembre 2008

Toute la Réunion mobilisée pour retrouver le Petit Lys d’AmourAoût 2007, la Réunion est en effervescence. Juliano Verbard, celui que l’on surnomme le Petit Lys d’Amour a fait kidnapper le petit Alexandre Thélahire, considéré comme le nouvel élu de la secte. Pendant 48 heures, toutes les polices de l’île et tous les Réunionnais traquent le gourou. Jusqu’au dimanche soir où sa planque est découverte. Verbard échappe de peu au lynchage populaire.

Lorsque l’affaire éclate le vendredi 3 août 2007, Juliano Verbard est déjà bien connu à la Réunion (voir par ailleurs) et jouit d’une aura mystique. Moins d’un mois auparavant, le 9 juillet, Alexandre avait déjà été enlevé le temps d’une nuit par la secte du cœur douloureux et immaculé de Marie. Guillaume Maillot, un complice de la secte se charge d’emmener l’enfant dont il a acquis la confiance. La secte a loué une belle maison dans le quartier de Bagatelle. Alexandre doit être “désenvoûté”. Mais l’adolescent de 13 ans ne se laisse pas faire et se met à pleurer. Ce qui perturbe les plans de gourou. Le jeune garçon est laissé libre le lendemain matin. Les gendarmes ne font pas immédiatement le rapprochement, c’est lorsqu’ils découvrent la cache, presque par hasard, qu’ils réalisent que le Petit Lys d’Amour que tout le monde cherche qui vient de leur filer entre les doigts. Le second enlèvement est savamment orchestré.

UNE NUIT DANS LA FORÊT AVEC L’ENFANT

Quatre hommes cagoulés et armés font irruption au nouveau domicile de la famille Thélahire, dans le centre-ville de Saint-Denis. Alexandre est emmené de force. La folle cavale commence. Les autorités de l’île prennent rapidement la mesure de ce qu’il est en train de se passer. Nous sommes vendredi soir. Gendarmes et policiers sont mobilisés dans toute l’île. Catherine, la mère d’Alexandre, lance un appel en direct sur Radio Freedom. De nombreux auditeurs appellent la radio pour dire qu’ils ont vu la voiture. Le numéro d’immatriculation est diffusé. Mais dans la voiture qui file vers l’ouest, les ravisseurs écoutent aussi la radio et comprennent qu’ils sont filés. Arrivés à Saint-Leu, ils profitent du Sakifo pour abandonner leur véhicule et se fondre dans la foule. La voiture est incendiée. Les ravisseurs empruntent un second véhicule. Les autorités perdent alors leur trace. Les quatre complices du gourou donnent de nouveaux vêtements à Alexandre et le placent dans le coffre pour ne pas éveiller les soupçons. Traqués, les ravisseurs ne parviennent pas à rallier le point de chute prévu, au Tampon. Ils passent la nuit dans une forêt avec l’enfant. Le lendemain, la cavale se poursuit. Juliano Verbard est vu aux quatre coins de l’île. Dans la journée, les ravisseurs rejoignent une maison du Tampon. Là sont cloîtrés plusieurs adeptes avec le gourou et l’enfant. Pendant tout le samedi, les membres de la secte tentent de rester le plus discret possible. Mais avec les appels incessants des autorités et de la mère de l’enfant, toute la population est alertée. Monseigneur Aubry, l’évêque de la Réunion qui a déjà rencontré le jeune gourou, lui demande de se rendre. C’est dimanche, en fin de journée que la cache est repérée.

“À MORT, SALAUD ! ON AURA TA PEAU ! ON VA TE BUTER !”

Il s’agit de deux maisons, au 222 et 224, rue du Petit Tampon. Tapis dans la nuit, les hommes de la Sûreté Urbaine Départementale, renforcés par les effectifs du GIPN attendent les ordres du commissaire Lebon qui pilote l’opération. Les enquêteurs ont obtenu une information et localisé la planque. L’une des deux maisons sert de chapelle, la seconde de logis. Peu après 19 heures, l’assaut est donné. Les policiers font irruption dans les deux maisons, et trouvent Alexandre gardé par trois femmes qui tentent de fuir. L’enfant est sain et sauf et immédiatement placé en sécurité. Dans la seconde maison, plusieurs disciples s’interposent pour laisser fuir leur gourou. Juliano Verbard parvient à s’échapper et se dissimule sous le 4×4 de la maison voisine. Mais le véhicule est bientôt encerclé et l’homme le plus recherché de la Réunion est interpellé. Rapidement, l’information circule sur les ondes. Le petit Lys d’Amour a été arrêté. Près de 500 personnes viennent sur place. La foule est déchaînée. “À mort, salaud ! On aura ta peau ! On va te buter !” Il faudra l’intervention de gendarmes venus en renfort et du maire du Tampon pour procéder à l’évacuation des membres de la secte. Depuis, Juliano Verbard occupe une cellule d’isolement du centre de détention du Port en attendant d’être jugé pour ces faits. Depuis son incarcération, il n’a plus d’apparitions de la vierge. Des rumeurs circulent sur une conversion récente à l’islam…

Frédérique Seigle

Déjà recherché avant l’enlèvement

En octobre 2006, s’ouvre à la cour d’assise de Saint-Denis le procès de Juliano Verbard pour le viol et l’agression sexuelle de deux garçons mineurs. Le jeune homme ne se présente pas. Il est parvenu à obtenir une remise en liberté après avoir inventé une affaire de viol dans les douches de la prison. Le procès est l’occasion de la première procédure de défaut criminel. Juliano que l’on connaît déjà sous le surnom du Petit Lys d’Amour est condamné à quinze ans de réclusion criminelle. La cour décerne mandat d’arrêt contre l’accusé. C’est le début de la cavale de Juliano Verbard. Une fiche de recherche circule dans les commissar3iats et les gendarmeries mais l’homme n’est pas recherché très activement. Comme dans beaucoup d’autres dossiers, les forces de l’ordre attendent de l’arrêter au cours d’un banal contrôle d’identité. En avril 2007, Juliano Verbard est de nouveau impliqué dans une affaire d’abus sexuels. Une pédopsychiatre a dénoncé des maltraitances sur un enfant de huit ans qui portait des traces de brûlures très prononcées sur les bras et les pieds. Les gendarmes démarrent leur enquête préliminaire avec les parents en ligne de mire. Interpellés et entendus, ceux-ci sont membres de la secte du “cœur douloureux et immaculé de Marie”. Le lien avec Juliano Verbard est rapidement fait. D’autant que l’enfant le désigne comme l’auteur présumé des abus sexuels. La doyenne des juges d’instruction, Brigitte Lagière, demande aux enquêteurs de mettre le turbo pour retrouver le criminel en cavale. Mais l’homme a de nombreux soutiens logistiques, et ce, dans toute l’île. Plusieurs adeptes sont arrêtés et incarcérés. À leurs domiciles, les gendarmes découvrent de véritables caches souterraines, aménagés dans les sous-sols des habitations. Le petit lys d’amour projette de quitter l’île avec son amant pour gagner l’Australie. Mais toutes les autorités sont sur le qui-vive. Le petit lys d’amour change ses plans et décide de se terrer en attendant que les enquêteurs se lassent. Une technique maligne qui fonctionne à merveille puisque le gourou ne sera réellement inquiété qu’après le second enlèvement d’Alexandre.

Les grandes cavales de la Réunion Jusqu’au 9 février prochain, le Jir vous propose tous les lundi une série sur les grandes cavales de la Réunion. Premier épisode aujourd’hui avec la traque menée contre Juliano Verbard, Petit Lys d’Amour, qui en août 2007 avait kidnappé un adolescent de 13 ans. Rendez-vous lundi prochain avec l’histoire de Raphaël Paya. En 1991, celui qui était alors l’ennemi public n°1 avait tué sa compagne et sa fille avant de prendre la fuite durant 340 jours.