La Santé publique suit la situation de près

La Santé publique de Lanaudière fait des pieds et des mains pour mettre fin à l’apparition de la rougeole, dont les cas se sont multipliés depuis le début de février. Retour sur une maladie qui a fait beaucoup jaser ces derniers temps.

Le 2 avril, le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Lanaudière a émis un communiqué pour informer la population que certaines personnes ayant fréquenté l’urgence du Centre hospitalier de Lanaudière, entre le 13 et le 17 mars, ont pu être en contact avec une personne atteinte de la rougeole.
Et que ces personnes, au nombre de 376, ont rapidement été identifiées et contactées par le personnel. « Il est important de souligner que la personne atteinte est un cas lié épidémiologiquement à l’éclosion qui sévit dans la région depuis le début de février. »
Si le président-directeur général du CISSS, Daniel Castonguay, a tenu à dire que son organisme « est soucieux de limiter la propagation de cette maladie très contagieuse », le communiqué a aussi rappelé que les symptômes de la rougeole sont les suivants : une fièvre de 38,3 °C, conjuguée à une toux ou à un écoulement du nez ou à une conjonctivite (yeux rouges et sensibles à la lumière), de même que des rougeurs sur la peau, qui commencent à la figure puis s’étendent sur tout le corps, de trois à cinq jours après le début des symptômes.

Peu avant la publication de ce communiqué, la directrice régionale de la Santé publique, la Dre Muriel Lafarge, a confirmé, en entrevue au Devoir, que le nombre de cas de rougeole dans sa région s’établissait à 159, y compris ce dernier cas déclaré à l’urgence. Elle indique que, avant ce cas, « on s’en allait vers la fin de l’éclosion, mais, avec cette nouvelle situation, on demeure vigilant ».

Mme Lafarge rappelle que tout a débuté dans les premiers jours de février, alors qu’un« cas a été déclaré à la Direction de la santé publique de Lanaudière. C’était une personne [de la communauté de la Mission de l’Esprit-Saint, située non loin de Joliette]qui était allée dans les parcs d’attraction de Disney en Californie. Et que, à cette époque, il y avait un début d’éclosion issue de ce parc. À partir de là, l’éclosion a débuté.

{{Est-ce que tous les cas, soit les 159, concernent exclusivement les gens de la Mission de l’Esprit-Saint ?}}

La Dre Lafarge n’a pas été en mesure de répondre à cette question, indiquant « qu’on est présentement en enquête épidémiologique ». À cette question, Gaston De Serres, spécialiste de la rougeole et médecin épidémiologiste à l’Institut national de la santé publique du Québec, a repris la balle au bond en faisant valoir que« la très très grande majorité [des cas] appartiennent à cette communauté ».

{{Chronologie}}

Dans les faits, la chronologie de cette éclosion s’est dessinée ainsi. Le 3 février, la Direction de la santé publique (DSP) publie un communiqué qui indique que, depuis le début de l’année, huit cas suspects de rougeole (fièvre élevée, toux, conjonctivite et éruption cutanée) lui ont été rapportés. « L’enquête a révélé que ces cas sont liés et qu’ils résident dans la région de Lanaudière. »

Le 11 février, la DSP rapporte, toujours par voie de communiqué, que « les résultats de tests de laboratoire qui étaient attendus depuis quelques jours confirment que les cas suspects sont bien des cas de rougeole ». « Jusqu’à présent, dix cas de rougeole », lit-on, lui avaient été rapportés, précisant que ces derniers « ne sont pas vaccinés contre la rougeole, qu’ils sont tous liés et qu’ils résident dans la région de Lanaudière ». Et c’est à ce moment-là que la DSP note que, selon l’enquête épidémiologique, le premier cas a contracté le virus lors d’une visite dans un parc en Californie. Or, deux jours plus tard, La Presse a révélé que c’est une famille appartenant au mouvement spirituel de la Mission de l’Esprit-Saint, dont plusieurs membres refusent les vaccins, qui a rapporté la rougeole au Québec après une visite à Disneyland, au cours de la période des Fêtes. Le lendemain, le premier ministre, Philippe Couillard, a réagi en rappelant « que la rougeole est une maladie bénigne la plupart du temps, heureusement, mais elle peut avoir des complications très graves, y compris des complications cérébrales très graves pour les enfants. Alors, omettre cette vaccination, même si les tribunaux reconnaissent que les gens sont souverains dans leur décision, ça m’apparaît un très mauvais choix pour les familles. »

Dès lors, les cas explosent. Le 23 février, les médias rapportaient 19 cas, le 28, on atteint 32 cas, et le 11 mars, on en était à 80 cas. Le lendemain, la DSP a publié un communiqué qui confirmait 119 cas. Trois jours plus tard, 136 cas étaient rapportés dans Le Devoir, alors que Philippe Couillard lançait à nouveau « un appel à la responsabilité » des parents, les invitant à faire vacciner leur enfant. « Je préfère redire aux parents de faire preuve de responsabilité. » Et enfin, en date du 2 avril, 159 cas ont été rapportés.

Suivi serré

Cela dit, la Dre Muriel Lafarge assure que son établissement de santé suit la situation de près. « Et on répète le même message : faites-vous vacciner. » « C’est une maladie qu’on peut contenir, pour autant que les gens acceptent de se faire vacciner », a renchéri, de son côté, Gaston De Serres.

source : 11 avril 2015 | Thierry Haroun – Collaborateur | Santé

http://www.ledevoir.com/societe/sante/436560/apparition-de-la-rougeole-dans-lanaudiere-la-sante-publique-suit-la-situation-de-pres