AP | 17.06.2009 | 18:49

“Je vous demande de dissoudre les préjugés, les idées préconçues et les atteintes à la liberté de croyance”. Me Patrick Maisonneuve a plaidé mercredi la relaxe de l’association spirituelle de l’Eglise de Scientologie-Celebrity Center et de la librairie SEL (Scientologie espace liberté) contre lesquelles le parquet a requis lundi la dissolution et une amende de deux millions d’euros chacune.

Le jugement du tribunal correctionnel a été mis en délibéré au 27 octobre.

L’Eglise de Scientologie et six de ses responsables sont notamment poursuivis pour “escroquerie en bande organisée”, les faits remontant à la fin des années 90.

Le ministère public a soutenu lundi que les tests de personnalité sur les futurs membres, la pratique de l’électromètre censé localiser la charge mentale négative de chaque scientologue, “le harcèlement commercial” et la “cohorte de programmes de formation” vendus aux adeptes étaient autant de “manoeuvres frauduleuses” caractérisant l’infraction d’escroquerie en bande organisée.

Faux, a répondu l’avocat, s’étonnant de la volte-face du parquet qui, après avoir lors de l’instruction demandé un non-lieu général, a prononcé un réquisitoire sévère. “Si les autorités gouvernementales de ce pays estiment que la Scientologie est un trouble à l’ordre public, qu’elles prennent leurs responsabilités (NDLR: la dissolution), mais qu’elles ne demandent pas aux juges de faire cette besogne”.

Pour atténuer la violence du réquisitoire, Me Maisonneuve a choisi l’ironie. Les tests servent-ils à “capter le client”? Non, assure-t-il. La majorité des scientologues vient par le bouche à oreille amical ou familial. Et, ajoute-t-il, ces scientologues doivent être idiots puisqu’ils continuent à utiliser sur eux-mêmes ces tests après leur “entrée en scientologie”…

L’escroquerie suppose un enrichissement personnel. Or, a martelé l’avocat, rien dans le dossier ne montre que les huit prévenus -deux personnes morales et six personnes physiques- se sont enrichies. “Ils sont trop forts, ces scientologues: ils sont escrocs sans gagner d’argent”.

Mettant le public scientologue dans sa poche, l’avocat s’est moqué du ministère public qui s’étonnait du vocabulaire “bizarre” des membres de l’Eglise de Scientologie. Alors que cette dernière est reconnue dans de nombreux pays européens comme une religion, “nous, nous allons brûler les livres de Ron Hubbard (NDLR: le fondateur) dans la cour de la Sainte-Chapelle!”, s’est-il écrié.

L’un des avocats de la SEL, Me Louis Pamponet, a quant à lui estimé que la demande de dissolution équivalait à “la peine de mort” de l’association et rien ne permet une telle mesure puisque les représentants de la personne morale ne sont pas poursuivis devant le tribunal. L’employé de la SEL jugé devant le tribunal “ne peut engager la responsabilité de la personne morale”.

Lundi, le ministère public a également requis des peines d’emprisonnement avec sursis -de deux à quatre ans- assorties d’amende -de 10.000 euros à 150.000 euros- à l’encontre de quatre des six anciens membres de l’Eglise de Scientologie jugés depuis le 25 mai. Certains sont également poursuivis pour exercice illégal de la pharmacie. AP

via le Nouvel observateur