Ces adeptes du zoroastrisme, réunis pour 4 jours en congrès, sont les croyants d’une des plus anciennes religions du monde. Nombre d’entre eux sont des descendants de Perses ayant fui leurs terres pour l’Inde afin d’échapper aux persécutions religieuses il y a plus de 1.000 ans. Les Parsis suivent les traditions de la religion du prophète Zoroastre (ou Zarathoustra) et croient en un Dieu, Ahura Mazda. Ils se rassemblent dans des temples du feu, vénérant le feu comme symbole de pureté.
Ces Parsis connus
En Inde, ils constituent l’une des communautés les plus fortunées, étroitement associée au développement de la capitale financière du pays, Mumbai, où ils résident en nombre. Parmi ses membres connus figurent la famille d’industriels indiens Tata et le défunt leader du groupe Queen, Freddie Mercury (Farrokh Bulsara).
Disparition inexorable
Mais leur nombre chute rapidement et les Parsis se divisent sur les moyens de maintenir leur religion et leur culture. « D’un point de vue démographique, c’est irréversible. La chute est continue et ils vont disparaître », estime Jehangir Patel, qui publie la revue Parsiana, magazine destiné à la communauté. Disséminés en Iran, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, leur nombre a chuté de 10% entre 2004 à 2012 pour s’établir à moins de 112.000 croyants. En Inde, ils sont environ 61.000, moitié moins qu’en 1940.
A Bombay, une naissance pour 4,25 décès
Chaque année, quelque 850 Parsis meurent à Mumbai tandis que la communauté enregistre 200 naissances environ, et les adultes, le plus souvent diplômés et à l’aise financièrement, se marient sur le tard et fondent des familles plus petites, selon M. Patel.
Un programme de fécondation in vitro rien que pour eux!
Inquiet de cette tendance, le gouvernement s’apprête à lancer un programme de fécondation in vitro (FIV) qui leur est spécifiquement destiné, les Parsis jouissant d’une réputation d’honnêteté et d’habileté en affaires. « C’est un pas dans la bonne direction », estime la gynécologue Anahita Pandole, qui a travaillé sur un programme semblable pendant 10 ans pour les Parsis à Mumbai.
Personne ne rentre dans la communauté…
Mais pour d’autres, des mesures plus radicales doivent être prises pour relancer une communauté traditionnellement fermée, le seul moyen d’être Parsi étant la filiation. Si une femme parsie se marie avec une personne non adepte du zoroastrisme, ses enfants ne pourront entrer dans les temples du feu ou « tours du silence », où l’on dépose les corps des défunts pour qu’ils soient dévorés par les vautours. « C’est une politique de l’apartheid. Il s’agit d’une discrimination fondée sur la race et le sexe », estime l’éditeur de la revue parsie.
… mais beaucoup en sortent
La principale organisation parsie, la Bombay Parsi Punchayet, est l’un des principaux propriétaires immobiliers de Mumbai avec 5.000 appartements réservés à des Parsis à des tarifs préférentiels, décourageant les mariages de femmes avec des non Parsis. « Nous voulons augmenter le nombre de Parsis mais si les membres de la communauté se marient en dehors, dans quatre générations l’ethnicité de la communauté disparaîtra », estime Khojeste Mistree, l’un des dirigeants du Punchayet. « Ce sont les règles de la communauté religieuse et il faut les suivre. Chacun a le droit d’en sortir », ajoute-t-il.
La plus haute organisation parsie critiquée
Le Punchayet a exclu deux de ses prêtres pour avoir célébré une initiation religieuse de deux enfants de femmes mariées à un non Parsi et pour avoir célébré des cérémonies pour des adeptes qui avaient demandé la crémation, interdite. La décision a été contestée en justice. Le Congrès, organisé à Mumbai, se tient tous les 4 ans et devrait accueillir un millier de délégués mais a failli être annulé en raison d’un différend financier. « Je pense que les gens sont vraiment désabusés, très remontés contre le fonctionnement du Punchayet », estime M. Patel.
Une inégalité hommes-femmes flagrante
Benafsha Shroff, une Parsie née aux Etats-Unis qui s’est installée à Mumbai il y a deux ans, estime que la jeune génération se montre indifférente aux débats agitant la communauté et profite surtout des rassemblements de Parsis pour socialiser. Beaucoup se sont éloignés de la communauté en raison de la focalisation sur la question de la disparition, selon elle. Des « speed-dating » ont ainsi été organisés pour encourager les rencontres entre Parsis. La jeune Parsie souhaiterait ainsi se marier à l’intérieur de la communauté mais peine à réaliser son projet car les hommes de la communauté peuvent se marier avec une femme non parsie sans en être exclus. « Les femmes y voient un sacrifice tandis que les hommes savent qu’ils seront encore accueillis », relève-t-elle.
source :
http://www.rtl.be/info/monde/international/1057841/sos-religion-en-detresse-celle-de-freddie-mercury-une-des-plus-vieilles-du-monde-va-disparaitre