L'entourage du maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV), a réagi en demandant à la secrétaire d'État des éléments de preuve.

L’entourage du maire de Lyon, Grégory Doucet (EELV), a réagi en demandant
à la secrétaire d’État des éléments de preuve. Sandrine THESILLAT / PANORAMIC

Sonia Backès, qui chapeaute désormais la Miviludes, a demandé à Grégory Doucet de faire œuvre de prévention contre «les pratiques et pseudosciences» qui conduisent aux dérives sectaires.

Alors que le salon Primevère s’ouvre ce vendredi à Lyon, la polémique autour de la présence d’exposants suspectés de dérives sectaires prend un tournant politique. La secrétaire d’État en charge de la Citoyenneté, Sonia Backes, a directement interpellé le maire de Lyon sur Twitter jeudi soir, l’accusant «de promouvoir» «les pseudosciences». Quelques heures plus tôt, la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires), qui dépend désormais du ministère de l’Intérieur, avait confirmé les inquiétudes mises en avant par un élu d’opposition centriste lyonnais.

«Vous est-il possible en tant qu’élu de la République d’assurer une réelle prévention contre les dérives sectaires plutôt que de promouvoir les pratiques et les pseudosciences qui y conduisent ?», a-t-elle attaqué en référence à plusieurs exposants proches du courant de l’anthroposophie ou faisant la promotion de médecines alternatives. Des tendances très clairement pointées dans le dernier rapport de la Miviludes pour les dérives sectaires qu’ils peuvent cacher.

Quelques dizaines d’exposants sur 450

«Il ne s’agit pas de critiquer l’ensemble du salon mais de dire que certains exposants promeuvent des pratiques à l’origine de certaines dérives sectaires comme les pseudosciences, confie-t-on dans l’entourage de la secrétaire d’État. Avec des charlatanismes aux conséquences parfois dramatiques comme des personnes arrêtant leur chimiothérapie pour se soigner par des pratiques complémentaires». L’élu d’opposition centriste lyonnais Ludovic Hernandez a relevé la présence d’exposants vantant «anthroposophie, crudivorisme, mémoire de l’eau, mouvement anti-ondes, sylvothérapie».

De son côté, la Miviludes, saisie par l’élu au sujet de Primevère, a mis en garde les participants et «invite à la plus grande vigilance à l’égard d’offres pseudo-thérapeutiques». «Les groupes ou individus à l’origine de dérives sectaires sont nombreux à y recourir». Comme Thierry Casanovas, youtubeur star des médecines alternatives (aujourd’hui visé par une information judiciaire), invité en 2021 au salon avant son annulation en raison du Covid.

«Que la secrétaire d’État fasse son boulot»

L’association Primevère a déclaré par voie de communiqué se positionner «très clairement contre les mouvements sectaires, xénophobes, militaristes et d’embrigadement». Elle dit se tenir «à la disposition de la Miviludes, des services de l’État et des pouvoirs publics». «Nous regrettons l’instrumentalisation que Monsieur Ludovic Hernandez fait de notre salon, au détriment des valeurs que nous portons depuis maintenant 37 ans, soulignent les organisateurs. Nous aimons à rappeler qu’élus de tous bords, dont des membres du groupe politique de Monsieur Ludovic Hernandez, viennent depuis plus de 30 ans sur notre évènement.»

Ludovic Hernandez a invité dans les colonnes du Figaro les élus écologistes à se positionner clairement contre ces dérives. Si la Métropole a également souligné la présence d’élus de tous bords depuis des décennies dans les allées du salon, la ville avait – dans un premier temps – renvoyé la balle aux organisateurs.

À l’apostrophe du maire sur Twitter, son entourage répond : «que la secrétaire d’État fasse son boulot, apportant des preuves aux collectivités territoriales plutôt que d’accuser ou d’attiser des polémiques qui ne servent pas l’intérêt général». «Nous attendons toujours une réponse de la Miviludes sur la NEF par exemple». Cette banque éthique issue du mouvement anthroposophe finance notamment la monnaie locale lyonnaise. «Sur un tel sujet, l’État et les collectivités doivent travailler ensemble et ne pas s’adonner à des polémiques tapageuses», a ainsi rétorqué la première adjointe, Audrey Hénocque.
source : https://www.lefigaro.fr/lyon/soupcons-de-derives-sectaires-au-salon-primevere-la-secretaire-d-etat-a-la-citoyennete-interpelle-le-maire-de-lyon-20230217
Le Figaro Lyon