(PAPIER GENERAL)
Par Idriss ISSA

SAINT-DENIS-DE-LA REUNION, 27 avr 2009 (AFP) – Police et gendarmerie étaient sur les dents lundi à La Réunion pour retrouver Juliano Verbard, chef d’une secte condamné pour viols et agressions sexuelles sur enfants, après sa spectaculaire évasion par hélicoptère de la toute nouvelle prison de Domenjod.
C’est à 10H30 locales (08H30 à Paris), qu’un hélicoptère s’est posé dans la cour de la prison, détourné par trois complices qui avaient loué l’apprareil pour un vol touristique sur les hauteurs de l’île, avant de braquer le pilote et son mécanicien.
“L’un d’eux m’a mis un pistolet sur la tempe, tandis qu’un autre menaçait de mettre le feu à une bouteille d’essence avec un briquet”, a raconté le pilote sous couvert d’anonymat.
Verbard et deux adeptes de sa secte détenus avec lui sont alors montés à bord et l’appareil a alors redécollé pour se poser à quelques centaines de mètres de la prison, où une fourgonnette blanche attendait évadés et complices.

Aussitôt l’alerte donnée, des barrages ont été installés par les policiers
et gendarmes sur de nombreuses routes de l’île, mais sans succès à la tombée de la nuit.
“C’est une grande première dont la Réunion se serait bien passée. A aucun moment on avait imaginé qu’on utiliserait un hélicoptère pour s’évader dans une île où les possibilités de fuite à l’étranger sont très réduites,” a déclaré le préfet Pierre-Henry Maccioni lors d’un point-presse.
Raison pour laquelle, selon lui, des filins anti-évasion n’avaient pas été
prévus dans la plus moderne prison de l’île, d’une capacité de 600 places et d’un coût de 90 millions d’euros, ouverte en décembre dernier.
Juliano Verbard, 27 ans, le gourou de la secte “coeur douloureux et immaculé de Marie” purgeait une peine de 15 ans de réclusion criminelle prononcée en 2008 pour viols et agressions sexuelles commis en 2003 sur deux jeunes garçons de 9 et 13 ans dont les parents étaient membres de la secte.

En août 2007, alors qu’il était recherché par la police, il avait enlevé,
sous les yeux de ses parents, le jeune Alexandre, 12 ans, qu’il avait présenté à ses adeptes comme le futur “élu” de la secte. L’enfant avait été séquestré plusieurs jours dans un groupe de prière avant d’être libéré sain et sauf par la police. L’affaire avait provoqué un grand émoi dans l’île qui s’était mobilisée pour retrouver le jeune garçon.
Décrit par les psychiatres comme un “manipulateur de très grande envergure et de très grande intelligence”, Verbard s’est évadé en compagnie de Fabrice Michel, 24 ans, son amant selon ses proches, et le père de ce dernier Alexin Michel, 51 ans. Les deux étaient en détention provisoire pour l’enlèvement du jeune Alexandre.

“Ce n’est pas sur les barrages qu’on compte pour les retrouver mais sur des informations concernant les membres de la secte, restés sous surveillance”, a indiqué le préfet Maccioni.
“Des perquisitions et des auditions ont été menées sur la base des enquêtes précédentes”, a précisé de son côté le procureur de la République de Saint-Denis François Muguet.

Juliano Verbard a commencé à faire parler de lui en 2002, lorsqu’il a
convaincu des centaines de fidèles catholiques que la “vierge Marie” lui
apparaissait et lui parlait “chaque 8ème jour du mois, à 22 heures”. Les
disciples devaient payer 20 euros pour assister aux “apparitions” de celui qui se faisait appeler “Petit lys d’amour”, nom que lui aurait donné la “vierge”.

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