En 1975, David-Moïse met en place le « flirt-fishing ». Il incite ainsi les jeunes femmes de la secte à user de leur charme pour attirer de nouveaux adeptes, ou convaincre des personnes haut placées des bienfaits des Enfants de Dieu. Une sorte de prostitution missionnaire totalement assumée par le gourou. « Pas de soutien-gorge ! Des chemisettes transparentes ! Montrez vos atouts ! C’est en cela que consistent les hameçons… Ils doivent tomber amoureux de vous ! Aucun acte n’est condamnable dès lors qu’il est accompli à des fins spirituelles, le même acte devient un péché s’il est réalisé à des fins charnelles », aurait déclaré David-Moïse. Une propagande auprès de ses fidèles que le gourou appuie au travers de flyers distribués au membres de la secte. Sur ces derniers on peut apercevoir des dessins représentant des jeunes filles ayant des relations sexuelles avec des hommes, avec comme message « Les esclaves de l’amour de Dieu » ou encore « Vous êtes l’amour de Dieu ».
Mais derrière cette « prostitution sainte » que les Enfants de Dieu assument, se cache un fonctionnement encore plus sombre. Parmi les préceptes définis par David-Moïse, celui d’une sexualité débridée et libre implique que les adeptes peuvent avoir des relations sexuelles avec n’importe qui. L’âge ou le lien familial sont des notions que la secte refuse de prendre en compte. Des abus sexuels et incestueux que révélera notamment Amoreena Winkler, qui s’est échappée de la secte à l’âge de 17 ans, dans ses livres Purulence (2009) et Fille de chair (2014).
En 1978, les Enfants de Dieu sont dissous en France et dans de nombreux pays suite à des poursuites judiciaires pour « racolage et prostitution ». Si la secte se reforme sous le nom Famille d’Amour, sa réputation est désormais sinistre auprès de l’opinion publique. David-Moïse laisse la direction de l’organisation, qui ne compte plus que quelques membres à sa femme, Karen Zerby, et fuit alors en Asie. Il y restera caché jusqu’à l’annonce de sa mort en 1994.
Des personnalités dans les rangs de la secte
Il est de notoriété publique désormais que la famille de Joaquin Phoenix faisait partie des membres actifs des Enfants de Dieu. Son grand frère River a notamment dû chanter dans la rue au profit de la secte. Joaquin Phoenix, lui, a quatre ans lorsque ses parents quittent la secte, suite à sa dissolution. C’est d’ailleurs à ce moment-là que la famille opte pour le nom de famille Phoenix, symbole d’une renaissance. Si l’acteur du Joker (2019) ne s’est jamais exprimé sur son enfance, beaucoup associent la mort par overdose de son frère River à l’âge de 23 ans, au traumatisme de cette enfance chaotique au sein de la secte.
Rose McGowan est elle aussi une rescapée des Enfants de Dieu. C’est en Italie, alors âgée de neuf ans, que l’actrice de Charmed rentre dans la secte avec son père. Mais en découvrant les dessous de l’organisation, ce dernier va craindre que sa fille ne soit abusée sexuellement. Rose McGowan et son père prennent alors la fuite en pleine nuit. « Je me souviens avoir couru aussi vite que je pouvais à travers un champ de blé sous le tonnerre et la foudre », confie l’actrice. Elle qualifie la secte de « culte polygame qui promet l’amour libre tout en prônant la conversion au christianisme ». Elle révèle également que « les femmes étaient juste là pour servir les hommes sexuellement », tout en étant « maintenues dans l’ignorance » sans « accès aux journaux et aux télévisons ».
Plus récemment, c’est le lien entre les Enfants de Dieu et Jeane Manson qui a refait surface. En effet, son ancienne belle-fille a récemment évoqué la proximité de l’actrice américaine avec cette secte. Coline Berry-Rojtman accuse son père Richard Berry d’inceste lorsqu’elle était enfant, et que ce dernier était marié à Jeane Manson. Invitée sur le plateau de BFMTV, le 4 mars 2021, la jeune femme a rappelé que son ancienne belle-mère avait fait « partie des Enfants de Dieu, une secte qui prône la pédophilie et l’inceste ». Un lien que Jeane Manson a évoqué elle-même dans son autobiographie Une Américaine à Paris (2011). Elle aurait rencontré un groupe de musiciens américains issus de la secte au printemps 1976. « Nous avions de nombreux points communs : nous avions le même âge, nos origines communes me permettaient de parler ma langue que je ne pratiquais plus, ils étaient d’excellents musiciens et composaient des chansons dont les thèmes étaient pour la plupart inspirés par l’amour de Dieu », déclare-telle. Si elle dit ne pas en être devenue adepte, Jeane Manson décrit néanmoins les Enfants de Dieu comme « une sympathique communauté qui vivait tels des hippies californiens, peace and love avec en plus une forte connotation religieuse ». Une description qui ne fait pas l’unanimité à la lumière du fonctionnement de la secte. Si l’incitation à la prostitution, la pédophilie et à l’inceste était connue en 2011, Jeane Manson est fière de rappeler avoir collaboré avec des membres de l’organisation sur un album intitulé La Bible (1977), et les qualifie de gens « profondément bons ».
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