La une de couverture du quotidien du 11 mars 2014 est intitulée « Salut et Guérison : une mission à risque ». En sous titre, une question est posée : « L’Etat a-t-il eu raison d’accorder une subvention de 15 000 euros aux Missions Salut et Guérison de La Réunion dans le cadre de colonies de vacances ? »
L’UNSA est le syndicat majoritaire à la DJSCS de La Réunion, service de l’Etat ayant assuré le versement de cette subvention à l’association mise en cause dans cet article. Cette union a pour objectif affiché de rassembler les syndicats « dans une démarche réformiste, laïque et revendicative, fondée sur l’indépendance syndicale pour un syndicalisme rénové et démocratique ».
La section UNSA de la DJSCS tient à exprimer son plus vif désaccord sur le choix fait par la DJSCS de La Réunion d’attribuer une subvention à cette association non agréée. Or, réglementairement l’agrément conditionne l’attribution d’une subvention.
La Laïcité dans notre pays est ce qui structure notre vivre ensemble, notre pacte républicain. La Laïcité est une liberté. Elle permet à chacun de croire ou de ne pas croire. Elle protège les consciences des plus jeunes dans nos structures scolaires et éducatives. Elle leur permet de se construire, de s’émanciper, d’accéder aux idées et aux débats.
Monsieur Cizeron, pasteur de la Mission Salut et Guérison, répond sans détour et sans ambigüité sur la question du prosélytisme dans ses colonies de vacances :
« … Nous n’allons pas renier ce que nous sommes. Nous sommes des évangélistes. D’autres prônent la laïcité dans leurs colonies. Nous, nous prônons notre morale chrétienne évangélique… »
Ces propos ont le mérite de la franchise. De la clarté ? Sûrement… mais à un détail près. On n’englobe pas Laïcité et morale chrétienne dans une même vision, au sein de notre République. Il ne peut être question de prosélytisme laïque. La Laïcité n’a pas à conquérir des adeptes. Elle s’impose à tous sur tout le territoire de la République, en vertu de l’article 1er de la Constitution : « la France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale ».
Nous connaissons tous ici à La Réunion la démarche d’évangélisation de ce mouvement. Ce qu’explique naturellement ce même pasteur dans l’article : « Comme pour un agriculteur, si nous voulons avoir des récoltes, il faut travailler notre terrain. Nous menons un travail de proximité, de l’enfant jusqu’au vieillard. »
Le rapport du conseil d’Etat sur la Laïcité du 21 avril 2004 a clairement rappelé le cap pour les services publics : « La Laïcité impose la neutralité des services publics et de ses agents publics à l’égard des croyances. Elle assure, en n’en cautionnant aucune, en n’en reconnaissant institutionnellement aucune la pluralité des religions, dés lors que celles-ci ne portent atteinte à l’ordre public ou à la neutralité du service public. Enfin, elle consacre la liberté pour chacun de choisir ou non ses croyances dés lors, encore une fois, où cela ne porte pas atteinte à l’ordre public ni à la neutralité des services publics ».
Pour la section UNSA de la DJSCS, la réponse à la question posée est très claire : l’Etat a eu tort d’accorder une subvention de 15 000 euros aux missions salut et guérison de La Réunion dans le cadre des colonies de vacances. C’est une faute, sachant que des associations laïques n’ont pas bénéficié de subvention ou de subvention d’un tel montant. Des grandes associations ont déposé leur bilan sans avoir pu bénéficier de telles largesses.
La neutralité des services publics doit être la règle absolue de l’Etat et encore plus sur ce petit caillou où cohabitent tant de religions. N’oublions pas que la loi de 1905, consacrant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, a ouvert aussi la voie à l’apaisement de leurs relations.
Dans ce même article le président de la JPA parle de « manque de vigilance, voire de complicité » au sein de la DJSCS. En notre qualité de représentant de personnel nous nous devons de réagir sur cette mise en cause de notre service.
La Direction de la DJSCS ne pouvait ignorer ainsi que les autorités préfectorales le lien existant entre l’association ARJEF et le mouvement Mission Salut et Guérison ainsi que le risque avéré de prosélytisme.
Par ailleurs, lors de la visite de Madame la Ministre des affaires sociales et de la Santé, une délégation de l’UNSA a été reçue le 7 février dernier par un membre de
son cabinet, en présence du secrétaire général de la Préfecture à qui nous avons remis un dossier à ce sujet en demandant que soit rapidement diligentée une enquête sur cette affaire, une suspicion de collusion n’étant pas à exclure.
Le silence de l’administration jusqu’à ce jour était surprenant, les quelques réponses données lors du reportage du quotidien a de quoi nous inquiéter. Comment l’administration peut-elle faire preuve d’autant de légèreté sur un sujet aussi grave ?
Refusant de croire que c’est grâce au « pouvoir de l’évangile » l’UNSA réclame de nouveau, une enquête afin de faire toute la lumière sur les modalités du versement de cette subvention.
Les agents de ce service public à La Réunion, n’acceptent pas cette passivité de l’Etat dans ce dossier qui met en cause notre capacité à défendre les valeurs de notre République.
L’UNSA fort de son engagement en faveur de la laïcité, signataire de l’appel « Sauvegardons la Laïcité de La République », restera vigilante sur la suite donnée à sa demande.
source : La section UNSA
DJSCS de La Réunion