Jean Dumont a expliqué être arrivé sur les lieux à Durham-Sud vers 12 h 57 dans la nuit du 29 juillet 2011. L’appel faisait état de deux personnes en difficulté pour des problèmes diabétiques. Dans la salle où les ambulanciers sont arrivés se trouvaient un homme et deux femmes: «L’une fait des efforts pour vomir, l’autre est inconsciente et a des respirations rapides», a raconté l’ambulancier, parlant de Julie Théberge et de la victime, Chantal Lavigne.

L’ambulancier a effectué un test de glycémie sur Chantal Lavigne, son taux de sucre dans le sang était de 12,4, éliminant un problème diabétique. «J’ai tenté de savoir auprès des personnes présentes ce qui avait pu se passer et depuis combien de temps elle était inconsciente. On ne me donnait que des réponses évasives au début. Au bout de quelques questions, on m’a finalement dit qu’ils faisaient des exercices de respiration dans des bains de terre», a indiqué l’ambulancier.

M. Dumont a indiqué qu’elle était couchée sur le dos, nue, recouverte de terre et d’une couverture. Ses pupilles ne réagissaient pas, sa trachée était obstruée par des liquides. Son rythme cardiaque était très rapide, son taux d’oxygène dans le sang se situait à 44 %, c’est deux fois moins que le taux normal. Près de 40 minutes plus tard, l’ambulancier arrivait à l’hôpital, l’état de la patiente était instable.

Lors de la séance de sudation extrême, les participants étaient recouverts de boue et d’une pellicule plastique, enveloppés de plusieurs couvertures et la tête placée dans une boîte de carton.

Chantal Lavigne, une mère de famille de 35 ans, est décédée à la suite de cette expérience.

Les organisateurs de cette séance, Gabrielle Fréchette, Ginette Duclos et Gérald Fontaine, subissent depuis mardi leur procès sous des accusations de négligence criminelle causant la mort et des lésions.

Les témoignages de deux participantes

Jeudi, deux participantes à la séance de sudation qui a coûté la vie à Chantal Lavigne en juillet 2011 ont témoigné.

Durant son contre-interrogatoire, Julie Théberge a dit avoir continué de faire confiance à Gabrielle Fréchette même après les malheureux événements.

Pour la femme de 52 ans, véritable adepte d’ésotérisme, celle qui se faisait appeler Séréna pendant les formations est un véritable médium en qui elle a pleinement confiance.

Mme Théberge souffre d’hypotension artérielle et parfois d’hypoglycémie. La veille de l’expérience, elle avait fait une longue promenade de quatre heures durant laquelle elle ne s’était pas hydratée, puis elle avait été se coucher. Le jour de l’expérience, elle n’avait pratiquement rien bu ni mangé.

L’un des avocats de la défense a voulu démontrer que son état de santé et sa condition physique seraient en partie responsables de ses malaises et du fait qu’elle a perdu connaissance au bout de neuf heures de sudation intense.

Julie Théberge, une ancienne infirmière, a eu des nausées, a vomi à quelques reprises et a dû être transportée à l’hôpital en ambulance.

Une autre des neuf participants à l’expérience, Louise Pelletier, a déclaré que les formations qu’elle suivait avec Gabrielle Fréchette, lui apprenaient à mieux se connaître. La septuagénaire est la mère de Gérald Fontaine, l’un des trois accusés qui agissait comme directeur de transe lors du séminaire en juillet 2011. Mme Pelletier dit s’être endormie à deux reprises pendant la séance de sudation par enveloppement corporel. La dernière fois qu’elle s’est réveillée, il ne restait plus qu’elle, ainsi que Julie Théberge et Chantal Lavigne dans la salle. Cette dernière avait le souffle court et respirait difficilement.

source : LE JOURNAL DE MONTRÉAL

par JEAN-FRANÇOIS DESBIENS / AGENCE QMI
vendredi 17 octobre 2014
http://www.journaldemontreal.com/2014/10/17/sudation-extreme-les-ambulanciers-temoignent-au-proces