PARIS, 23 mai 2009 (AFP) – La très controversée Eglise de Scientologie est de nouveau jugée à partir de lundi, à Paris, afin d’y répondre d’escroquerie mais, cette fois, ses structures françaises pourraient bel et bien être dissoutes.
C’est la seconde fois qu’elle est jugée en tant que personne morale. Au
regard du code pénal, elle risque la dissolution. Le précédent remonte à 2003: la cour d’appel de Paris avait alors relaxé l’association du chef d’escroquerie, ne la condamnant que pour une histoire de fichiers informatiques. Outre l’Association spirituelle de Scientologie (ASES-CC – Celebrity Centre) et sa librairie, la SEL, basées rue Legendre dans le XVIIe arrondissement de Paris, le juge Jean-Christophe Hullin a renvoyé en correctionnelle sept scientologues, dont Alain Rosenberg, directeur général du Celebrity Centre.

Ils sont poursuivis pour “escroquerie en bande organisée” et/ou “exercice illégal de la pharmacie”, l’association ayant distribué à ses adhérents des vitamines et des traitements relevant du monopole pharmaceutique.
Sûre de son fait, l’ASES-CC – Celebrity Centre vise pourtant la relaxe.
“Nous allons discuter pied à pied afin de démontrer qu’il n’y a pas eu de
manipulation mentale”, explique leur avocat, Me Patrick Maisonneuve.
En 1997, plusieurs membres de la Scientologie ont déjà été condamnés à Lyon pour escroquerie et homicide involontaire, après le suicide d’un adepte. En 1999, c’est à Marseille que l’escroquerie avait été retenue.
L’affaire, qui sera jugée jusqu’au 10 juin, a débuté par une plainte pour
escroquerie, fin 1998. Abordée par des scientologues pour un test de
personnalité gratuit, une femme avait fini par dépenser 20.000 euros pour des cours “de communication et de réparation de vie”, l’achat de livres, de médicaments et d’un “électromètre”, un appareil électrique censé mesurer la “charge mentale” présente chez les patients.
Pour les experts qui ont planché sur le dispositif, le verdict est sans
appel: Cet “appareil n’est qu’un leurre destiné à donner un aspect scientifique à une opération qui n’a rien de tel”.
Un leurre pourtant vendu 5.000 euros par l’association, soit dix fois plus que dans le commerce.

Une autre plaignante affirme avoir été contrainte par son employeur
scientologue à passer un test de personnalité, puis à suivre des cours. Quand elle s’est décidée à résister à son employeur, de plus en plus agressif, elle a été licenciée.
Le magistrat estime que l’Eglise de Scientologie a trompé les plaignants “en recourant systématiquement à des tests de personnalité dépourvus de valeur scientifique (…) dans la seule perspective de vendre des services ou divers produits”. Dans son ordonnance, il stigmatise le “harcèlement” et les “pressions” qu’ont subis les victimes, toutes choisies pour leur vulnérabilité.

A ses yeux, le centre de Scientologie, sous couvert “d’identifier et de
résoudre (les) difficultés psychologiques prétendues ou de favoriser
l’épanouissement personnel” des plaignants a eu “pour seul but de capter leur fortune” en “exerçant une emprise psychologique” sur eux.
Les plaignants, dont deux sur quatre se sont désistés, ne devraient pouvoir compter sur le soutien du parquet, celui-ci ayant d’ores et déjà requis un non-lieu général, estimant que les mis en examen avaient été “mus par leur seule conviction religieuse” et n’avaient tiré “aucun bénéfice personnel”.

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