Ce matin, j’ai vu plusieurs fois une vidéo géniale, passer sur mon mur. Pendant presque deux minutes, on y voit tour à tour des jeunes habillés en blanc avec une «étiquette» (TDAH, trouble de l’opposition, TOC, etc.), ayant comme message de fond «L’enfance n’est pas un désordre mental». C’est beau, c’est touchant, ça tire une petite larme et on se dit: wow !

{{Comme un poisson: j’ai mordu}}

J’allais publier un billet bien senti quand une amie m’a écrit: – attention, Julie, cette vidéo provient du CCHR qui est l’organisme paravent de l’église de la Scientologie. En propageant de la fausse information sur le web au sujet du TDAH, ils font du recrutement pas la bande. Très puissante aux É.-U., elle a été déboutée en France et on dirait qu’elle tente une percée au Québec.

{{
TDAH: attention aux sectes et aux charlatans!}}

Le pire, c’est que bien avant moi, Judith Lussier, d’Urbania, avait très bien expliqué la chose et le comment du pourquoi ici et, ce qui est encore plus gênant, c’est que cela remonte au 17 février 2011! Quatre ans plus tard, je suis terriblement en retard et comme un vrai poisson, j’ai mordu!

Santé mentale, un sujet qui fait jaser (et vendre) de plus en plus
La santé mentale est de plus en plus présente sur les tribunes, le TDAH fait souvent la une, plusieurs cas sordides ou incompréhensibles stigmatisent trop souvent les gens lorsqu’on apprend que tel drame ne serait pas arrivé si l’acteur principal avait eu une bonne santé mentale (je pense à un certain accident aérien).

Le défi pour les personnes vivant de près ou de loin avec des problèmes de santé mentale est d’aller au-delà des préjugés, de l’incompréhension de l’entourage, de la société, de la famille et des proches. Ce n’est ni simple ni facile. Surtout que nous devenons une proie facile en accordant notre confiance (pensons au blogueur Phylip Jacques qui a abusé de centaine de famille d’enfants autistes) et en cherchant toutes les alternatives holistiques avant d’envisager la médication: suppléments alimentaires dispendieux, thérapie x, y z, diète de ceci, diète de cela, etc.

{{Éduquer, sensibiliser et donner espoir}}

Au quotidien, avec trois personnes qui ont un diagnostic de TDAH à la maison, la gestion de la médication, les besoins particuliers, le suivi professionnel ainsi que les alternatives moins invasives prennent beaucoup de temps et d’énergie et il m’arrive, à moi aussi, parfois d’oublier l’enfance et tout ce que cela comporte (ou plutôt le contraire).

Plusieurs grands de ce monde, dont de vrais génies dans leurs domaines, vivants ou disparus, vivent aussi avec des diagnostics en santé mentale. On réalise de plus en plus que cette différence, ce trouble, cette maladie, ce handicap (parce qu’il y a tellement de façons de nommer les choses) vient aussi avec des qualités exceptionnelles, qui permettent à ces individus, petits ou grands, de réaliser de belles choses.

C’est pourquoi j’ai apprécié cette vidéo. Est-ce qu’il y a trop d’étiquette(s)? Est-ce que cela nuit à nos enfants ou à nous-même? Vraiment? Ne faudrait-il pas plutôt attirer l’attention sur le positif qui accompagne ces diagnostics, pas juste le côté laid qui pue et qui dérange?

Une étiquette, c’est aussi mettre un nom sur un problème, le reconnaître et enclencher une série d’actions concrètes qui peuvent faire une vraie différence.

L’enfance n’est pas un «désordre mental», mais ça peut être très payant de le prétendre. À nous de nous rappeler que la différence n’est pas une plaie, mais bien une force et de tout mettre en œuvre pour la bonifier.

Est-ce qu’il y a trop d’abus? Les parents d’enfants ayant un TDAH sont-ils de bonnes victimes pour les sectes et les charlatans? Qu’en pensez-vous?

source : Par Julie Philippon le 6 avril, 2015 sympatico.fr