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Ecrit par Pierre Bohm on oct 29th, 2009 | Rubrique: Enquête. | Fil information du 20eme arrondissement par le flux RSS 2.0. du 75020 .fr

{{ {Elodie*, ancienne adepte aujourd’hui âgée de 29 ans, raconte son passage au sein des Brahma Kumaris.} }}

{{Pourquoi et comment êtes vous entrée chez les Brahma Kumaris ?}}

J’y suis rentré par l’intermédiaire de ma sœur qui y est toujours d’ailleurs. J’ai commencé à fréquenter le centre situé à Nice. Par la suite, j’ai connu différents centres à Paris, Rouen, Montréal et aux États-Unis. Mon travail me faisait beaucoup voyager.

C’était en 2006, à l’age de 25 ans. Je revenais d’Inde et j’avais envie de continuer une vie spirituelle. Ma sœur m’a influencé dans ce sens. Les Brahma Kumaris font des choses alléchantes : atelier pour la confiance en soi, développement personnel… Ma sœur avait remis des pâtisseries pour moi à un responsable du centre de Nice. C’est quand je suis allé les chercher que j’ai découvert le centre. Je pense qu’il n’y avait aucune visée négative de la part de ma sœur. Elle est dans une quête spirituelle authentique mais est victime d’un procédé de manipulation qu’elle propage puisqu’elle est instructrice chez eux.

{{Quel rite était le plus difficile à respecter pour vous ?}}

Je n’ai jamais tout respecté à la lettre. Pendant longtemps, je n’ai fait que graviter autour. Je ne me levais pas à 4 heures du matin pour méditer comme j’aurais dû le faire si j’avais respecté les dogmes. Je ne préparais pas non plus la nourriture comme eux. Je n’aurais pas pu.

{{Avez-vous subi des pressions pour mieux respecter les rites ?}}

Il y a une pression subtile qui s’exerce. Personne ne vous dira ouvertement « il faut vous lever à 4 heures ». Mais on culpabilise de ne pas respecter les règles du groupe. On intériorise la notion selon laquelle c’est mieux de suivre le rite de façon parfaite. La secte ne freine pas la chute en avant pour en faire toujours plus pour eux. Si on veut lever le pied, il n’y a pas de punition ou de restriction non plus. C’est subtil, on intériorise les normes du groupe. Plus on en fait, mieux ça va être.

{{La théorie de l’Apocalypse que défendent les Brahma Kumaris était-elle crédible pour vous ?}}

Je n’ai jamais cru à la fin du monde. Mais certains adeptes y croyaient dur comme fer. Certains faisaient même des réserves. Il y en a d’autres qui disaient qu’il fallait voir ça de façon symbolique : un âge noir puis une révolution spirituelle. Les Brahma Kumaris étant chargé de faire la transition entre les deux. Eux considèrent que tout cela a été révélé par le gourou. Ils vouent un tel culte à ce gourou qu’ils acceptent facilement ses dires.

{{Pourquoi avoir décidé de la quitter ?}}

J’étais en Belgique quand j’ai été confronté au cœur de la secte. A un moment, j’ai senti que je ne m’appartenais plus. Je parlais avec le langage de la secte. Je disais que je n’aurai jamais d’enfant (ndlr : selon les croyances des Brahma Kumaris, il est très négatif de faire des enfants alors que la fin du monde est proche) alors que j’ai toujours voulu en avoir. Là, j’ai pris conscience que je m’étais faite parasiter.

{{Comment avez-vous fait pour rompre avec la secte ?}}

J’ai réalisé que c’était une secte quand je suis rentré du Canada en mars 2006. Il y avait des informations qui tournaient entre les centres. Ils se connaissent tous, ils s’appellent et se demandent s’ils connaissent telle ou telle personne. J’ai contacté l’ADFI (Association de défense des familles et de l’individu) de Nice. J’étais aussi très déçue car toujours en quête d’une spiritualité, quête dévoyée par cette secte. Je voulais écrire quelque chose car il existait peu de documents sur le sujet. J’ai lu beaucoup de livres sur le sujet et je me suis mis à écrire mon témoignage, entre mars et août. Puis, je l’ai remis à ma sœur. C’était un sujet tabou, on en parlé que deux ans plus tard. Pour elle, cela ne change rien, mon écrit n’était qu’une rationalisation. Il est impossible de parler aux adeptes de façon rationnelle. C’est toujours : « ma pauvre tu es pas au niveau pour faire partie des élus » ou « on espère que tu reprendras le chemin ».

* Son prénom a été changé.