France Soir , 4 juin 2008 par Jean-Marc Aubert
« Allo, la gendarmerie, je suis Simon D. B., je vous téléphone de chez ma tante qui m’héberge, ici à Elne. C’est moi qui ai profané les tombes dans le cimetière. » Il est presque midi, lundi, quand le planton de la brigade d’Elne, à trente kilomètres au sud de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales reçoit cet appel téléphonique. « Il a été pris au sérieux, nous avons dépêché une patrouille et le commandant de brigade à l’adresse indiquée où l’intéressé nous attendait » explique le colonel Francis Hubert, qui commande le groupement de gendarmerie du département.
Simon D. B., 21 ans, est placé en garde à vue dans la foulée. Particulièrement prolixe, il ne tarde pas à confirmer ses aveux : il a bien profané 246 tombes dans le cimetière du village. Et il a agi seul. « Il a déclaré avoir eu soif de reconnaissance, qu’il avait ça pour faire parler de lui. Quand il a vu que les journaux et la télévision parlaient de cette affaire, il a eu satisfaction, il s’est dénoncé », précise l’officier de gendarmerie.
Sous curatelle
Le jeune homme placé sous curatelle chez sa tante et employé modèle dans un centre d’aide par le travail ne semble pas jouir de toutes ses facultés mentales, puisque lors de sa garde à vue et lors du transport judiciaire au cimetière pour vérifier ses révélations – sur ses indications, une des bombes de peinture utilisées et cachée sous un cyprès a été saisie –, il tenait des propos incohérents. « Le parquet a demandé une expertise psychiatrique, l’expert a conclu mardi à une responsabilité limitée. Le plus inquiétant, c’est que l’auteur présumé répète en garde à vue qu’il va recommencer ! Il raconte que son objectif qui était de s’attaquer aux tombes du carré des Catalans n’a pas été atteint », soulignait hier après-midi Dominique Alzéari, procureur adjoint au parquet de Perpignan. Une information judiciaire a été ouverte au cabinet du juge d’instruction de permanence au tribunal de grande instance de Perpignan pour « dégradations volontaires » et le parquet va requérir une remise en liberté sous contrôle judiciaire avec obligation de soins à l’encontre de Simon D. B, « car nous ne pouvons pas retenir des circonstances aggravantes, puisque ces actes n’ont pas de caractère ni raciste, ni xénophobe », commentait hier après-midi Dominique Alzéari.
Inscriptions sataniques
Le jeune homme, au casier judiciaire vierge, très coopératif lors de sa garde à vue a agi dans la nuit de samedi à dimanche, entre 23 heures et minuit, alors que sa tante le croyait endormi dans sa chambre, « comme pour se livrer à un rituel, car il est attiré par le phénomène satanique », a-t-il expliqué aux gendarmes, « mais sans avoir été incité, ni par quelqu’un de son entourage, ni par un groupuscule quelconque, comme l’enquête le confirme », indique une source judiciaire. Des inscriptions sataniques ont été relevées sur la plupart des tombes profanées. La découverte de ces dégradations, dimanche matin, avait soulevé une vive émotion à Elne certes, mais également dans toute la région. Georges Frêche, le président de la région Languedoc-Roussillon, a fermement condamné cette profanation et a apporté son soutien au maire de cette commune « en ces moments difficiles ». Une population qui respire toutefois, grâce à l’élucidation éclair de cette profanation.