LE PROGRES / le 05.11.2009 04h00

Celui qui se faisait appeler Père Kamachi avait amassé près de 133 000 euros avec ses « activités »

« Il se disait le représentant de Dieu sur terre ». A la lecture des plaintes d’une dizaine de personnes, partie civile dans l’affaire, le commentaire se répète.

Le verbe impeccable, Danijel Becanovic, trente-six ans, tente de prouver que les faits qui lui sont reprochés ne lui incombent pas.

Entre 2003 et 2005, l’homme « au charisme redoutable » est accusé d’avoir trompé de nombreuses personnes. Tout est dit, ou presque, dans le témoignage d’une des victimes, lu par la présidente du tribunal, Marie-Pierre Figuet.

L’homme animait des séances de méditation. Dans un cabinet à Tence, il prodiguait des « soins » énergétiques pour 50 euros. Puis, les gens se sont vus proposer de se retrouver à Nîmes, à l’occasion de réunions mensuelles onéreuses (260 euros en 2005). Un groupe de quarante personnes suivait le mouvement. D’autres rencontres avaient lieu entre Le Mazet, Tence et l’Ardèche. « On était comme une tribu avec des noms de totem, venus se purifier et trouver des états vibratoires… ».

Puis l’individu change de comportement. Il se fait appeler Père Kamachi (énergie de l’amour). Il édite des posters et des cartes postales à son effigie, vendues 10 euros et conseillées pour prier en son absence. « Devant cette dérive sectaire, beaucoup ont quitté le groupe », indique une plaignante. Lui, il aurait alors demandé aux autres de ne plus les fréquenter. Et rester, aurait alors impliqué de faire des cadeaux au « gourou ». 2 000 euros sont versés au centre et des chèques sont collectés. Ces derniers lui permettront d’acheter un puissant 4X4. Des chevaux sont offerts. L’homme, dont la clientèle variée est tombée un jour « sous le charme », est devenu agressif. Il veut attirer de nouveaux adeptes. Les témoignages des parties civiles indiquent que « tout se passe bien au début, puis ça dérape ». Quant à l’argent, il considère que « c’est un blocage : il faut s’en libérer ». Tel est le leitmotiv du gourou qui a empoché 133 000 euros. « Il se disait capable de retenir la neige pour aller à ses réunions, et avoir déclenché le tsunami. Il se présentait comme un être divin mais seul l’argent l’intéressait », insiste un des plaignants dans sa déposition. Des week-ends spirituels étaient monnayés jusqu’à 9 000 euros.

A la barre, défendu par Maître Diaz, son avocate, Danijel Becanovic a nié le caractère sectaire de ses activités et les cadeaux. Après les réquisition du parquet, où le procureur demandait une peine ferme, il a été condamné à trente mois de prison avec sursis, mise à l’épreuve et entre autres obligations d’indemniser les victimes.

Gérard Adier

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