http://www.laprovence.com/article/region/trets-le-repas-municipal-chez-les-bouddhistes-ne-passe-pas

Publié le jeudi 17 décembre 2009 à 15H17

{{ {La fête de Noël dans les locaux de la Soka Gakkai fait grincer des dents} }}

{{Didier Pachou, président du GEMPPI, association de prévention contre les dérives sectaires, s’étonne que le maire Jean-Claude Feraud organise son repas de fin d’année au centre Soga Gakkaï.}}

Jean-Claude Féraud, maire de Trets, avait envie de changer de lieu pour la fête de fin d’année des agents communaux et des élus du conseil municipal. L’an passé, ce fut au domaine de Grand Boise. Pas facile de trouver à Trets un lieu pouvant accueillir 200 personnes, nous confie le maire. Il en est un à l’entrée de la commune dont les baies vitrées embrassent le panorama de Sainte Victoire. Et prêté, affirme le premier magistrat, pour l’euro symbolique. Il s’agit du site européen du mouvement Soka Gakkai, où l’on pratique le culte du bouddhisme de Nichiren Daishonin, moine japonais du XIIIe , qui propage l'”esprit du Sûtra du Lotus”.

Le hic, c’est que la Soka Gakkai a été citée à plusieurs reprises dans des rapports parlementaires comme un mouvement s’apparentant à une secte, même si cela n’a pas été rigoureusement établi, et que les dernières publications ministérielles laissent de côté cet organisme solidement implanté dans le monde, particulièrement au sein du gouvernement japonais, et aux revenus fort confortables. ” Que fait-on du principe de précaution?, s’insurge Didier Pachou, président du Gemppi (association de prévention contre les dérives sectaires). De la neutralité d’une municipalité face à un groupe qui suscite bien des questions? La Soka Gakkai est un mouvement religieux dont le prosélytisme ressemble aux méthodes des témoins de Jéhovah. Est-ce que les employés municipaux, face au maire qui est leur patron, ont toute latitude pour refuser l’invitation?”

A Trets, le coup du repas de fin d’année à la Soka, on en parle beaucoup mais à mots couverts. Une série d’élus de la majorité ont l’heureuse idée de ne pas être sur le village ce samedi soir et pourront donc sécher. Des agents municipaux, eux, se tâtent. Le maire ne comprend pas cette polémique: “C’est une procès de mauvaise intention, s’insurge-t-il, la salle est très belle, je n’ai aucun jugement à formuler. C’est une soirée privée, ceux qui ne veulent pas venir ne viendront pas”. Soirée privée certes, mais payée par les contribuables.

Après une visite in situ, nous confirmons: la salle est superbe. Ce sont plus de 200m² face à Sainte Victoire, habituellement dévolus en lieu de prières comme en témoigne le splendide autel doré qui y trône. Pas très catholique, certes. “Le principe de laïcitéest bafoué”, conclut M.Pachou. Il a alerté la Mission interministérielle de vigilance et lutte contre les dérives sectaires.

Carole Barletta (cbarletta@laprovence-presse.fr)