C’est une affaire sulfureuse qui doit être jugée cet après-midi devant le tribunal de Saint-Pierre. Philippe-Bernard B., plus connu sous le nom de “Monsieur Bernard”, est poursuivi pour avoir abusé financièrement et sexuellement de plusieurs femmes avec qui il vivait, et réduit en esclavage le seul homme de la collocation, un handicapé de surcroît.

Claudie D., sa compagne, comparaît à ses côtés pour avoir été sa complice pour une partie des faits. L’histoire remonte au milieu des années 2000 : le gourou, un quadragénaire à l’allure bonhomme et au visage rond, a commencé par monter une “collocation” avec sa compagne et leurs trois filles dans une grande bâtisse à Saint-Denis. Le couple, originaire de Madagascar mais natif de la Réunion, avait proposé à d’autres malgaches de venir vivre sous son toit.

Se présentant comme un sorcier, «Monsieur Bernard» proposait à ses colocataires des discours et des rituels supposés faire partir le mal et leur apporter une protection spirituelle. Au fil du temps, les colocataires devenus des adeptes ont coupé les ponts avec leur famille et leur entourage et sont tombés sous son emprise.

Titulaires du RSA ou salariés, les adeptes étaient tenus de reverser une partie de leur salaire au couple. Des emprunts auraient aussi été contractés, à l’époque, par les victimes, pour assurer un train de vie confortable au couple de chômeurs. On parle d’un préjudice de 300 000 euros.

Après Saint-Denis, la communauté s’installe à Saint-Pierre puis à l’Etang-Salé. En 2015, quand elle comprend que son époux a des relations sexuelles avec d’autres femmes de la communauté, Claudie D. se fâche et la collocation prend fin. Dans les jours qui suivent, une des victimes décide de briser le silence et de porter plainte en gendarmerie. Le couple sera interpellé et mis en examen en juin 2015.

Philippe-Bernard B. est jugé pour abus de faiblesse d’une personne en état de sujetion psychologique entre janvier 2008 et mai 2015. Il est aussi jugé pour violence sur une personne vulnérable, violence sur mineur, agression sexuelle sur mineur, violence avec arme, et faux et usage de faux.

Claudie D. comparaît quant à elle pour violence sur mineur, faux et usage de faux et recel de biens provenant d’un délit.

source :

https://www.clicanoo.re/Faits-Divers/Article/2017/11/30/Monsieur-Bernard-juge-aujourdhui_503285