L’accusée reste calme à la barre. Silencieuse, cette femme d’une soixantaine d’années donne l’impression d’être au cœur d’un débat qui la dépasse. Il lui est reproché par l’Ordre national des médecins de pratiquer illégalement une activité médicale. Professeur de danse dans le nord du département, elle complète ses revenus par l’exercice de quelques pratiques de la médecine traditionnelle chinoise, qui n’est visiblement pas du goût des praticiens plus conventionnels de nos contrées. « Nous craignons une dérive sectaire derrière ce qui est pourtant un acte médical qui peut comporter des risques », argumente un représentant de l’Ordre.

L’accusée assure pourtant agir en bonne foi. Suite à un voyage en Asie, elle s’intéresse à la médecine chinoise au point de suivre trois années de formation dispensée par l’université Catholique de Lille. « Pour nous installer et avoir une assurance professionnelle, nous devons adhérer à la fédération nationale de médecine traditionnelle », explique-t-elle. « Je pratique depuis février 2011, j’ai environ cinq clients par semaine, et jamais on ne m’a dit que cela pouvait être illégal. » La présidente relève en outre qu’elle n’a jamais cherché à se présenter comme médecin et que sa plaque ne comporte pas d’ambiguïté. « Pourtant le code de la santé publique interdit de pratiquer un acte médical sans les qualifications, et l’acupuncture est répertorié en France comme un acte médical. » Le représentant de l’ordre approuve.

La prévenue affirme que sa démarche n’est pas animée d’une volonté de soigner mais plus d’apaiser. « Nous travaillons sur les énergies avant tout », explique-t-elle. « Je ne fais aucun diagnostic. »

Le parquet a requis à son encontre une amende de 2 000 € avec sursis. Le tribunal rendra son jugement le 5 septembre.

source :
http://www.lavoixdunord.fr/region/tribunal-l-ordre-des-medecins-pique-au-vif-par-ia29b0n1387746
par Par Timothée Brisson